vendredi 31 octobre 2008

Actes 24,1 à 23


Texte biblique

Cinq jours après, arriva le souverain sacrificateur Ananias, avec des anciens et un orateur nommé Tertulle. Ils portèrent plainte au gouverneur contre Paul. Paul fut appelé, et Tertulle se mit à l’accuser, en ces termes: Très excellent Félix, tu nous fais jouir d’une paix profonde, et cette nation a obtenu de salutaires réformes par tes soins prévoyants ; c’est ce que nous reconnaissons en tout et partout avec une entière gratitude. Mais, pour ne pas te retenir davantage, je te prie d’écouter, dans ta bonté, ce que nous avons à dire en peu de mots. Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef de la secte des Nazaréens, et qui même a tenté de profaner le temple. Et nous l’avons arrêté. Nous avons voulu le juger selon notre loi ; mais le tribun Lysias étant survenu, l’a arraché de nos mains avec une grande violence, en ordonnant à ses accusateurs de venir devant toi. Tu pourras toi–même, en l’interrogeant, apprendre de lui tout ce dont nous l’accusons. Les Juifs se joignirent à l’accusation, soutenant que les choses étaient ainsi. Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit: Sachant que, depuis plusieurs années, tu es juge de cette nation, c’est avec confiance que je prends la parole pour défendre ma cause. Il n’y a pas plus de douze jours, tu peux t’en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. On ne m’a trouvé ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans la ville, disputant avec quelqu’un, ou provoquant un rassemblement séditieux de la foule. Et ils ne sauraient prouver ce dont ils m’accusent maintenant. Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes, et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux–mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Après une absence de plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation, et pour présenter des offrandes. C’est alors que quelques Juifs d’Asie m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement ni tumulte. C’était à eux de paraître en ta présence et de se porter accusateurs, s’ils avaient quelque chose contre moi. Ou bien, que ceux–ci déclarent de quel crime ils m’ont trouvé coupable, lorsque j’ai comparu devant le sanhédrin, à moins que ce ne soit uniquement de ce cri que j’ai fait entendre au milieu d’eux : C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui mis en jugement devant vous. Félix, qui savait assez exactement ce qui concernait cette doctrine, les ajourna, en disant : Quand le tribun Lysias sera venu, j’examinerai votre affaire. Et il donna l’ordre au centenier de garder Paul, en lui laissant une certaine liberté, et en n’empêchant aucun des siens de lui rendre des services.

Réflexion

Comparution de Paul devant le gouverneur Félix :

5 jours après l’arrivée de Paul, sous bonne escorte, à Césarée, le grand-prêtre Ananias, accompagné de quelques anciens et de Tertullus, un avocat renommé, vint pour porter plainte devant le gouverneur Félix contre Paul. Se plaçant comme juge, Félix convoqua, comme il se doit, chaque partie pour l’écouter.

1. la partie accusation :

Elle était représentée par Tertullus qui commença son plaidoyer en louant hautement Félix pour sa façon d’administrer sa gouvernance. Cette flatterie, destinée à mettre de leur côté, le gouverneur était-elle la bienvenue ? Correspondait- elle aux sentiments réels des juifs envers lui ? Pas sûr que le gouverneur ait été dupe ! A vouloir en faire de trop, on finit par agir contre soi. Les motifs d’accusation dressés contre Paul :

- cet homme est une peste qui sème la division parmi les juifs de toutes les nations : demi-verité : le message de l’Evangile sépare et divise, mais Paul n’est pas une peste. Sa piété ne peut être mise en doute ;
- il a tenté de profaner le temple : faux. C’est sur la base d’un malentendu que Paul a été pris à parti et chassé du temple : 21,28-29

2. la défense de Paul :

Comme Tertullus, Paul commence, dans sa défense, à s’adresser au gouverneur Félix. Il lui exprime, non pas des flatteries, mais la confiance qui l’habite, qu’en tant que juge exerçant cette fonction dans cette région depuis de nombreuses années, Félix ait toute la connaissance et la compétence nécessaires pour se prononcer avec équité, justice et impartialité dans cette affaire. Alors que Tertullus avait misé sur la flatterie, Paul nous montre une autre voie au travers de laquelle nous devons construire les rapports de justice que nous pouvons avoir avec les autorités politiques qui gouvernent. Nous devons exprimer notre foi (confiance) dans le fait que, comme l’exige la loi, les personnes qui occupent des fonctions d’autorité les exercent avec droiture et sérieux et que nous ne serons pas déçus au sujet de la manière avec laquelle nos droits ou notre cause seront pris en compte. C’est l’assurance que la valeur que leur fonction incarne sera dignement représentée que nous devons leur exprimer. Se faisant, nous faisons appel, sans qu’ils s’en rendent compte à leur conscience devant Dieu, plaçant notre entretien, non sur le terrain personnel, mais sur un terrain spirituel. Il ne s’agit pas ici de les mettre dans notre poche en les flattant, mais de leur dire que, nous comme eux, nous sommes en quelque sorte devant Dieu, chacun à sa place, pour que la justice tranche et que le droit triomphe.

Cette introduction faite, Paul fait reposer son argumentation pour sa défense sur 2 choses :

1. la réalité des faits : v 11-12. Paul contredit la version de Tertullus. Il n’a rien fait depuis son arrivée à Jérusalem pour convaincre les juifs de sa foi. Il ne s’est rendu ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans les rues dans ce but. Ses accusateurs sont donc incapables de prouver ce pour quoi ils l’accusent.

2. le seul point d’accord qu’il a avec ses adversaires est, dit Paul, le point sur lequel ils se séparent : depuis qu’Il est disciple de Christ, c’est au travers d’une voie nouvelle que, désormais, Paul rend un culte au dieu de ses pères. Mais, souligne-t-il, le contenu fondamental de sa foi n’a pas changé : il croit toujours à la validité de la Loi et des prophètes, à l’espérance de la résurrection des morts et veut toujours honorer Dieu par le service et les offrandes qu’il lui apporte.

Paul n’a pas eu tort de faire confiance à la perspicacité et la compétence de Félix. L’accusation entendue et la défense présentée, Félix refusa de trancher pour un parti contre l’autre. Il renvoya chacun, reportant son jugement à plus tard.

jeudi 30 octobre 2008

Actes 23,12 à 35


Texte biblique

Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un complot, et firent des imprécations contre eux–mêmes, en disant qu’ils s’abstiendraient de manger et de boire jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul. Ceux qui formèrent ce complot étaient plus de quarante, et ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens, auxquels ils dirent: Nous nous sommes engagés, avec des imprécations contre nous–mêmes, à ne rien manger jusqu’à ce que nous ayons tué Paul. Vous donc, maintenant, adressez–vous avec le sanhédrin au tribun, pour qu’il l’amène devant vous, comme si vous vouliez examiner sa cause plus exactement ; et nous, avant qu’il approche, nous sommes prêts à le tuer. Le fils de la sœur de Paul, ayant eu connaissance du guet–apens, alla dans la forteresse en informer Paul. Paul appela l’un des centeniers, et dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter. Le centenier prit le jeune homme avec lui, le conduisit vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m’a appelé, et il m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. Le tribun, prenant le jeune homme par la main, et se retirant à l’écart, lui demanda : Qu’as–tu à m’annoncer ? Il répondit : Les Juifs sont convenus de te prier d’amener Paul demain devant le sanhédrin, comme si tu devais t’enquérir de lui plus exactement. Ne les écoute pas, car plus de quarante d’entre eux lui dressent un guet–apens, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux–mêmes, à ne rien manger ni boire jusqu’à ce qu’ils l’aient tué ; maintenant ils sont prêts, et n’attendent que ton consentement. Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de ne parler à personne de ce rapport qu’il lui avait fait. Ensuite il appela deux des centeniers, et dit : Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante–dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée. Qu’il y ait aussi des montures pour Paul, afin qu’on le mène sain et sauf au gouverneur Félix. Il écrivit une lettre ainsi conçue: Claude Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut ! Cet homme, dont les Juifs s’étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des soldats et le leur enlevai, ayant appris qu’il était Romain. Voulant connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’amenai devant leur sanhédrin. J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui mérite la mort ou la prison. Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l’ai aussitôt envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu’ils eussent à s’adresser eux–mêmes à toi. Adieu. Les soldats, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul, et le conduisirent pendant la nuit jusqu’à Antipatris. Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec lui, ils retournèrent à la forteresse. Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent Paul. Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul. Ayant appris qu’il était de la Cilicie: Je t’entendrai, dit–il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu’on le gardât dans le prétoire d’Hérode.

Réflexion

Complot contre Paul et transfert à Césarée :

Le complot :
- auteurs : plus de 40 juifs
- détermination : liés ensemble par un engagement ils ne devaient, sous peine d’anathème, rien manger ni boire avant d’avoir tué Paul

Avoir de la détermination pour poursuivre un but est une bonne chose. Encore faudrait-il, surtout si l’on prend Dieu à témoin, que le but poursuivi soit d’abord réfléchi, pesé et évalué à la lumière de la Parole et de la pensée de Dieu.

C’est de Dieu d’abord que l’on doit recevoir la définition des causes pour lesquelles nous choisissons de nous engager corps et âme. Sans quoi notre précipitation irréfléchie risque fort de se retourner contre nous. Si Dieu est inclus dans nos engagements, il faut aussi que Celui-ci soit à la source de ceux-ci. Dieu ne va pas ratifier quelque chose qu’Il aurait pris en cours de route. C’est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes choses : tel est l’ordre juste des choses. Sans quoi la présence de Dieu que nous avons désiré risque fort de se manifester, nos pas en grâce et pour nous, mais en jugement et contre nous !

- stratégie :

Liés, engagés par leur serment, les adversaires de Paul n’avaient pas le choix. Il fallait que leur projet de meurtre contre sa personne réussisse. Aussi, décidèrent-ils de monter un stratagème pour mettre à exécution leurs basses oeuvres, stratagème qui obligeait le sanhédrin à être partie prenante du projet. Tous les ingrédients d’une oeuvre ténébreuse, meurtre et mensonge : cf Jean 8,44, sont ici réunis contre celui qui, après Jésus-Christ, fut le plus grand témoin de l’Evangile de son époque. Se faisant, ces hommes n’agissaient pas seulement contre Dieu et Sa loi, mais ils trompaient aussi l’autorité civile, se servant d’elle à dessein, puisque c’était sous prétexte de rendre justice qu’ils allaient lui demander l’autorisation d’une nouvelle comparution de l’apôtre.

Nous voyons donc dans cette affaire clairement deux partis se former : le parti de Dieu, représenté par Paul, son serviteur sur le plan spirituel, et l’autorité romaine, son serviteur sur le plan civil; puis le parti du Malin représenté par les 40 ennemis jurés de Paul et le sanhédrin, juridiction religieuse, représentant le judaïsme officiel. La reproduction presque à l’identique de ce qui s’est déjà passé avec Jésus (Pilate préférant le sauver qu’autre chose) et, plus tard également, avec Luther, bénéficiant de la protection de l’Electeur de Saxe contre Rome. Soyons pour nous-mêmes, en tant que témoins du Christ, bien conscients qui ou de quel côté se trouvent nos alliés. Tout ce qui a le nom de Dieu à la bouche ne vient pas forcément de Lui. Considérons aussi la valeur des autorités civiles dans la Bible : dans leur fonction de gardien de l’ordre, elles ne sont pas d’abord contre nous, mais pour nous !

Le complot déjoué, Paul transféré :

La délivrance du complot dressé contre Paul par les juifs nous rappelle que, dans la vie du croyant, ce ne sont pas les desseins des méchants contre lui qui s’accomplissent, mais le dessein de Dieu. Le dessein de Dieu n’est cependant pas d’abord la délivrance, le confort de Son serviteur mais son témoignage. La persécution, les différentes arrestations et comparutions que Paul connut ne sont pas l’objet du hasard ou de l’impuissance de Dieu. Elles sont, au contraire, au coeur de Son projet pour l’apôtre, tel que, dès sa conversion, ce projet a été formulé : Actes 9,15. Ce que Paul ne pouvait faire par lui-même (être un témoin du Christ auprès des grands de son temps), c’est la persécution qui va lui permettre de le faire. Ainsi donc, en croyant nuire aux serviteurs de Dieu, les adversaires de l’Evangile ne font que lui ouvrir des possibilités de service inédites. Le vécu de Paul illustre une fois de plus qu’en s’opposant à Dieu et à Ses desseins, le diable ne fait que rehausser Sa gloire. Déjà aujourd’hui, l’ennemi est le marchepied dont Dieu se sert pour s’élever encore un peu plus que ce qu’Il était sans lui. Il était impossible à Dieu par Lui-même de s’élever davantage qu’Il ne l’était. C’est l’opposition qui se lèvera contre Sa personne qui Lui permettra de le faire. Romains 5,8 en est la démonstration suprême.

Nous ne savons pas comment, par quel chemin, le complot dressé contre Paul parvint aux oreilles du fils de sa soeur. Peut-être, défaut ici bienheureux, l’information a-t-elle filtré de quelqu’un qui n’a pas su tenir sa langue. Quoi qu’il en soit, Dieu s’est servi de cette faille chez l’ennemi pour révéler les sombres desseins cachés des coeurs. Nous pouvons compter sur Dieu pour veiller et mettre lui-même en oeuvre les moyens par lesquels les projets de ses adversaires échoueront.

Une fois de plus ici, l’autorité civile apparaît comme la servante civile de Dieu et la gardienne de l’ordre et de la justice. Paul échappe aux méchants grâce à son exercice. Béni soit Dieu pour tous les moyens dont Il dispose pour réaliser Sa volonté ! Que notre foi en Sa souveraineté et Sa providence soit la certitude qui nous habite en tout temps. Dieu est là et Il ne saurait, au moment de l’épreuve, nous abandonner. Béni soit Son Nom !

lundi 27 octobre 2008

Actes 23,1 à 11

Texte biblique

Paul, les regards fixés sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu… Le souverain sacrificateur Ananias ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu’on me frappe ! Ceux qui étaient près de lui dirent: Tu insultes le souverain sacrificateur de Dieu ! Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple. Paul, sachant qu’une partie de l’assemblée était composée de sadducéens et l’autre de pharisiens, s’écria dans le sanhédrin : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisiens ; c’est à cause de l’espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. Quand il eut dit cela, il s’éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l’assemblée se divisa. Car les sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, et qu’il n’existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses. Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; peut–être un esprit ou un ange lui a–t–il parlé. Comme la discorde allait croissant, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens, fit descendre les soldats pour l’enlever du milieu d’eux et le conduire à la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul, et dit : Prends courage ; car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome.

Réflexion

Paul devant le sanhédrin :


Les 3 faits majeurs de cette comparution :

1. Paul, aura à peine le temps d’ouvrir la bouche, qu’il sera, en dépit de toute procédure légale, l’objet immédiat de la violence, là même où la justice (les droits de la défense et de l’accusation) devait être rendue. Paul se retrouve ici dans la même situation que Jésus qui a fait l’expérience avant lui que ceux qui devaient statuer sur son cas et se montrer impartial, étaient partie prenante dans le procès et le jugement rendu. Indigné par le comportement de la cour, Paul commettra l’erreur de s’en prendre à Ananias, le grand prêtre, l’initiateur de la violence exercée contre lui, et de le placer face à la responsabilité de son acte devant Dieu. Conscient qu’il portait atteinte à la dignité d’un chef en Israël, il s’en excusera, démontrant par là une fois de plus son attachement à la loi.

2. Paul, comprenant qu’il n’avait aucune chance d’être entendu en présentant une défense identique à celle qui avait provoqué la colère des juifs, va jouer sur les divisions internes et connues de l’assemblée réunie et utiliser les convictions d’un parti auxquelles ils souscrivaient pour monter les uns contre les autres. Tactique habile qui amènera le déplacement du centre de gravité du conflit de la doctrine chrétienne aux divisions internes du judaïsme. En semant ainsi le trouble et la zizanie au milieu du sanhédrin, Paul provoqua une division telle que d’accusateurs, quelques-uns des membres de l’assemblée réunie devinrent des avocats. Paul fera la démonstration d’une vérité énoncée avant lui par Jésus (et qui s’applique à toute maison ou communauté) : la vérité selon laquelle toute maison ou royaume divisé contre lui-même ne peut subsister !

3. Pour la 3ème fois, Paul ne devra son salut qu’à l’intervention conséquente et musclée du tribun militaire qui, voyant la tournure que prenaient les choses, préféra soustraire Paul du tribunal avant qu’il ne soit mis en pièces par les belligérants.

Le plus grand sujet de joie de Paul ne sera cependant pas d’avoir réussi, sans doute mû par une soudaine inspiration, à se tirer à bon compte de la situation difficile dans laquelle il se trouvait. Il le vivra la nuit suivant ses évènements, lorsque, seul dans la cellule de la forteresse où il était enfermé, il reçut la visite du Seigneur qui lui manifesta Son contentement, l’encouragea à poursuivre dans la voie qu’il avait prise et lui annonça la future étape du programme qu’Il avait préparé pour la mission de témoin prévue pour lui : Rome.

dimanche 26 octobre 2008

Actes 22


Texte biblique

Hommes frères et pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense ! Lorsqu’ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils redoublèrent de silence. Et Paul dit: je suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville–ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui. J’ai persécuté à mort cette doctrine, liant et mettant en prison hommes et femmes. Le souverain sacrificateur et tout le collège des anciens m’en sont témoins. J’ai même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, où je me rendis afin d’amener liés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là et de les faire punir. Comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, tout à coup, vers midi, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes–tu ? Je répondis : Qui es–tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait. Alors je dis : Que ferai–je, Seigneur ? (22–10) Et le Seigneur me dit : Lève–toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire. Comme je ne voyais rien, à cause de l’éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main, et j’arrivai à Damas. Or, un nommé Ananias, homme pieux selon la loi, et de qui tous les Juifs demeurant à Damas rendaient un bon témoignage, vint se présenter à moi, (22–13) et me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Au même instant, je recouvrai la vue et je le regardai. Il dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de sa bouche ; car tu lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. Et maintenant, que tardes–tu ? Lève–toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur. De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase, et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte–toi, et sors promptement de Jérusalem, parce qu’ils ne recevront pas ton témoignage sur moi. Et je dis : Seigneur, ils savent eux–mêmes que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi, et que, lorsqu’on répandit le sang d’Etienne, ton témoin, j’étais moi–même présent, joignant mon approbation à celle des autres, et gardant les vêtements de ceux qui le faisaient mourir. Alors il me dit : Va, je t’enverrai au loin vers les nations…. Ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole. Mais alors ils élevèrent la voix, disant : Ote de la terre un pareil homme ! Il n’est pas digne de vivre. Et ils poussaient des cris, jetaient leurs vêtements, lançaient de la poussière en l’air. Le tribun commanda de faire entrer Paul dans la forteresse, et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. Lorsqu’on l’eut exposé au fouet, Paul dit au centenier qui était présent : Vous est–il permis de battre de verges un citoyen romain, qui n’est pas même condamné ? A ces mots, le centenier alla vers le tribun pour l’avertir, disant : Que vas–tu faire ? Cet homme est Romain. Et le tribun, étant venu, dit à Paul : Dis–moi, es–tu Romain ? Oui, répondit–il. Le tribun reprit : C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyen. Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance. Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent, et le tribun, voyant que Paul était Romain, fut dans la crainte parce qu’il l’avait fait lier. Le lendemain, voulant savoir avec certitude de quoi les Juifs l’accusaient, le tribun lui fit ôter ses liens, et donna l’ordre aux principaux sacrificateurs et à tout le sanhédrin de se réunir ; puis, faisant descendre Paul, il le plaça au milieu d’eux.

Réflexion

La défense de Paul : son témoignage

Ayant face à lui une foule déchaînée, remontée contre lui, Paul choisit pour présenter sa défense de s’en tenir aux faits qui, de juif pratiquant, zélé pour la loi, l’ont amené à professer, confesser et servir Christ et la cause de l’Evangile. Ce sont ces faits qui constituent la base de son témoignage.
Grandes lignes : Paul rappelle

1. Ce qu’il était avant de professer la foi en Christ

ses origines,
l’éducation reçue aux pieds de Gamaliel
son zèle extrême pour la foi de ses pères
ses convictions anciennes quant à l’Evangile
son comportement ancien à l’égard de ceux qui le professaient
son engagement total dans le combat qui avait pour objet de l’éradiquer

2. Ce qui s’est passé sur le chemin de Damas

la révélation de Christ telle qu’elle s’est produite
Jésus existe et c’est Lui qu’il combat en combattant Ses témoins
les faits de l’Evangile sont vrais
la rencontre avec Ananias, homme pieux reconnu par tous
la nouvelle mission : de Saul à Paul
le premier acte marquant sa nouvelle identité : le baptême

3. Les premiers moments de son parcours nouveau

la révélation du Seigneur dans le temple à Jérusalem
l’injonction de quitter rapidement la ville à cause du danger qu’il y courrait
l’incrédulité de Paul quant au refus des juifs de recevoir son témoignage si fort en contraste avec la vie, les actes et les convictions du passé
la nouvelle cible qu’il est appelé à viser : les non-juifs

Paul ne pourra pas aller plus loin. Furieux d’entendre en si peu de temps ce qui leur paraît un tissu d’hérésies et de provocations, la foule va se mettre à manifester de nouveau son indignation, une indignation telle qu’elle ira jusqu’à réclamer la vie et le sang de l’apôtre. Paul ne devra son salut, une fois de plus, qu’à l’intervention musclée du tribun qui, ne comprenant rien à ce qui se passait et à la cause du déchaînement de colère des juifs contre Paul, s’apprêta à le faire fouetter. Ayant appris cependant de sa bouche qu’il était un citoyen romain, il se ravisa, n’ayant pas l’autorisation légale de le faire. L’affaire étant d’abord une affaire juive interne, il décida dès le lendemain de convoquer le sanhédrin et les grands-prêtres, instance qui, rappelons-le, est celle qui décida de la mort même de Jésus.

samedi 25 octobre 2008

Actes 21,27 à 40


Texte biblique

Sur la fin des sept jours, les Juifs d’Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l’homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. Car ils avaient vu auparavant Trophime d’Ephèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l’avait fait entrer dans le temple. Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. Comme ils cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion. A l’instant il prit des soldats et des centeniers, et courut à eux. Voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul. Alors le tribun s’approcha, se saisit de lui, et le fit lier de deux chaînes. Puis il demanda qui il était, et ce qu’il avait fait. Mais dans la foule les uns criaient d’une manière, les autres d’une autre ; ne pouvant donc rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il ordonna de le mener dans la forteresse. Lorsque Paul fut sur les degrés, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence de la foule ; car la multitude du peuple suivait, en criant : Fais–le mourir ! Au moment d’être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun: M’est–il permis de te dire quelque chose ? Le tribun répondit : Tu sais le grec ? Tu n’es donc pas cet Egyptien qui s’est révolté dernièrement, et qui a emmené dans le désert quatre mille brigands ? Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans importance. Permets–moi, je te prie, de parler au peuple. Le tribun le lui ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s’établit, et Paul, parlant en langue hébraïque, dit:

Réflexion

Arrestation de Paul dans le temple :

Tous les efforts entrepris par Paul, sur le conseil des anciens de l’Eglise de Jérusalem, pour désamorcer le conflit inévitable, dû à la réputation que l’apôtre s’était faite par son enseignement, furent inutile. Tôt ou tard, et c’était la volonté de Dieu, il ne pouvait y avoir que conflit et séparation entre ceux pour qui la loi restait le fondement à partir duquel se construisait la relation avec Dieu et les tenants, comme Paul, d’une nouvelle alliance fondée sur la grâce manifestée en Jésus-Christ. La réaction des anciens de Jérusalem est la même que celle des prélats et des religieux, certes gagné aux thèses de Luther, mais pensant que la rupture avec l’église catholique n’était pour autant pas nécessaire. Il faut cependant s’y résoudre : il n’y a pas de points d’accord possible entre le système qui repose sur les mérites de l’homme et celui dans lequel tout procède du don de la grâce de Dieu. Aussi n’y avait-il pas d’autre possibilité pour Paul, comme pour Luther plus tard, que celle de la rupture. Notons bien cependant que dans les deux cas, ce n’est pas sans avoir été jusqu’aux limites de ce qui était possible sur le plan de la concession qu’elle est survenue. Mais quand sur le fond on est en désaccord, aucun effort sur la forme ne peut résoudre le problème.

Paul, donc, entré dans le temple, ne put longtemps resté inaperçu. La rumeur l’ayant précédé, il ne put ni se défendre, ni se justifier. il fut immédiatement pris à parti, molesté et il ne dut son salut, une fois de plus, qu’à l’intervention des forces civiles de l’ordre. Les cris et la confusion étaient tels qu’il fut impossible au tribun de connaître la raison exacte de la haine et des réactions violentes de la foule contre Paul. Aussi, avec l’autorisation de l’autorité sur place, Paul, debout sur les marches qui menaient à la forteresse où il devait être emprisonné, entreprit-il de présenter au peuple sa défense.

vendredi 24 octobre 2008

Actes 21,15 à 26


Texte biblique

Après ces jours–là, nous fîmes nos préparatifs, et nous montâmes à Jérusalem. Quelques disciples de Césarée vinrent aussi avec nous, et nous conduisirent chez un nommé Mnason, de l’île de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger. Lorsque nous arrivâmes à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les anciens s’y réunirent. Après les avoir salués, il raconta en détail ce que Dieu avait fait au milieu des païens par son ministère. Quand ils l’eurent entendu, ils glorifièrent Dieu. Puis ils lui dirent : Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la loi. Or, ils ont appris que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les païens à renoncer à Moïse, leur disant de ne pas circoncire les enfants et de ne pas se conformer aux coutumes. Que faire donc ? Sans aucun doute la multitude se rassemblera, car on saura que tu es venu. C’est pourquoi fais ce que nous allons te dire. Il y a parmi nous quatre hommes qui ont fait un vœu ; prends–les avec toi, purifie–toi avec eux, et pourvois à leur dépense, afin qu’ils se rasent la tête. Et ainsi tous sauront que ce qu’ils ont entendu dire sur ton compte est faux, mais que toi aussi tu te conduis en observateur de la loi. A l’égard des païens qui ont cru, nous avons décidé et nous leur avons écrit qu’ils eussent à s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité. Alors Paul prit ces hommes, se purifia, et entra le lendemain dans le temple avec eux, pour annoncer à quel jour la purification serait accomplie et l’offrande présentée pour chacun d’eux.

Réflexion

Perception de Paul par les Juifs de Jérusalem :

Arrivé à Jérusalem, Paul est confronté à la perception négative que les Juifs ont de son enseignement sur la loi. Apôtre des païens, Paul n’a sans doute pas manqué, à plusieurs reprises, de parler du caractère caduque de la dispensation de la loi, donnée, comme il le dit dans les galates, pour un temps, en vue de la justification par la foi. Le défi auquel était confronté Paul ici était, d’une part, de ne renier en rien l’enseignement qu’il n’avait cessé de dispenser sur ce sujet partout où il était allé, et, d’autre part, de manifester aux juifs, très sensibles sur le sujet, son attachement de coeur à Moïse et à la loi et sa considération pour celle-ci. La difficulté résidait dans le fait de montrer aux juifs, pour qui la loi était centrale, dans quelle perspective, à la lumière de la venue de Christ, il la considérait désormais.

Conseillé par les frères anciens de l’église de Jérusalem, dont Jacques, le propre frère du Seigneur, Paul se soumit à une procédure préparée d’avance pour lui, au travers de laquelle il montrerait publiquement à tous son attachement à la loi, ses prescriptions et ses coutumes. Il choisit donc d’emprunter un chemin fabriqué de toutes pièces par l’homme, chemin qui avait pour objet de le rendre recommandable à la communauté, plutôt que de suivre la direction et les instructions de l’Esprit. Se faisant, Paul ne faisait que pécher à moitié, car il ne faisait d’un autre côté qu’appliquer un principe qu’il ne cessa également d’enseigner dans toutes les églises : le principe de la soumission mutuelle. Cette voie tentante du compromis, de la recherche de l’apaisement par le geste fabriqué peut-elle être celle qu’appuie l’Esprit ? La suite de l’histoire va amplement le démontrer !

Rappelons-nous que, quels que soient les efforts fournis pour justifier une position spirituelle que nous avons, ce n’est que par l’Esprit que les autres peuvent en comprendre la teneur. Notre objectif en toutes choses doit continuer à être de gagner la faveur de Dieu plutôt que celle des hommes !

jeudi 23 octobre 2008

Actes 21,1 à 14


Texte biblique

Nous nous embarquâmes, après nous être séparés d’eux, et nous allâmes directement à Cos, le lendemain à Rhodes, et de là à Patara. Et ayant trouvé un navire qui faisait la traversée vers la Phénicie, nous montâmes et partîmes. Quand nous fûmes en vue de l’île de Chypre, nous la laissâmes à gauche, poursuivant notre route du côté de la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, où le bâtiment devait décharger sa cargaison. Nous trouvâmes les disciples, et nous restâmes là sept jours. Les disciples, poussés par l’Esprit, disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, lorsque nous fûmes au terme des sept jours, nous nous acheminâmes pour partir, et tous nous accompagnèrent avec leurs femmes et leurs enfants jusque hors de la ville. Nous nous mîmes à genoux sur le rivage, et nous priâmes. Puis, ayant pris congé les uns des autres, nous montâmes sur le navire, et ils retournèrent chez eux. Achevant notre navigation, nous allâmes de Tyr à Ptolémaïs, où nous saluâmes les frères, et passâmes un jour avec eux. Nous partîmes le lendemain, et nous arrivâmes à Césarée. Etant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept, nous logeâmes chez lui. Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient. Comme nous étions là depuis plusieurs jours, un prophète, nommé Agabus, descendit de Judée et vint nous trouver. Il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains, et dit : Voici ce que déclare le Saint–Esprit : L’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à Jérusalem, et le livreront entre les mains des païens. Quand nous entendîmes cela, nous et ceux de l’endroit, nous priâmes Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit : Que faites–vous, en pleurant et en me brisant le cœur ? Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. Comme il ne se laissait pas persuader, nous n’insistâmes pas, et nous dîmes: Que la volonté du Seigneur se fasse !

Réflexion

De Milet à Jérusalem :

Les leçons et les informations que nous pouvons apprendre de ce voyage :

1. 1ère leçon : une leçon sur l’avancée de l’Evangile en territoire païen. Partout où Paul et son équipe débarquent, ils sont accueillis par des disciples, ce qui démontre la rapidité avec laquelle l’Evangile s’est propagé en quelques décennies. Nous ne savons pas dans quelle mesure s’élevait le taux de pénétration du christianisme dans la population. Sans doute était-il assez peu uniforme. Mais ce qui apparaît certain est que dans les plus grands bassins de population (les villes), l’Eglise de Jésus-Christ était implantée.

2. 2ème leçon : la tendance confirmée par l’Esprit dans tous les lieux où Paul se rend de ce qui l’attend à Jérusalem. Un parcours qui ressemble de fort près à celui de Jésus. Avec partout la même réaction des disciples à l’égard de Paul (une insistance pour qu’il ne se rende pas dans la capitale juive), et la même réaction de l’apôtre (le témoignage de sa volonté d’être prêt à être martyr pour la cause de l’Evangile si Dieu le veut).

3. 3ème leçon : une petite parenthèse rapide sur la possibilité pour des femmes d’exercer un ministère prophétique, à l’exemple des 4 filles vierges de l’évangéliste Philippe chez lequel Paul et son équipe feront escale plusieurs jours. Un ministère dont nous avons aussi la description d’un aspect en la personne d’Agabus, venu spécialement de Jérusalem pour signifier à Paul ce qui l’attend (Agabus que nous retrouvons pour la seconde fois dans le livre des Actes dans ce rôle : Actes 11,28).

mardi 21 octobre 2008

Actes 20,32 à 38


Texte biblique

Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut édifier et donner l’héritage avec tous les sanctifiés. Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous–mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui–même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Après avoir ainsi parlé, il se mit à genoux, et il pria avec eux tous. Et tous fondirent en larmes, et, se jetant au cou de Paul, (20–38) ils l’embrassaient, affligés surtout de ce qu’il avait dit qu’ils ne verraient plus son visage. Et ils l’accompagnèrent jusqu’au navire.

Réflexion

Comment quitter une œuvre dans la paix :

S’il y a une chose que l’on doit retenir des adieux de Paul aux anciens d’Ephèse est que ce qu’il annonce, concernant l’avenir de l’église et de l’œuvre commencée sur place, est loin d’être rassurant. Aussi se pose ici une question : après s’être tant investi et avoir payé de sa personne, comme il le rappelle encore ici, pour la naissance d’une œuvre qu’il sent menacée pour l’avenir, comment un apôtre peut-il malgré tout la quitter dans la paix ? la première parole de Paul y réponde : si lui ne peut rien retenir et garder, il sait que quelqu’un de plus fort, de plus puissant, et de plus important que Lui a le pouvoir, bien plus que lui, de veiller et de garder ce qui a été commencé.

L’attitude de Paul dans cette situation d’adieu est riche d’enseignement pour nous. Elle nous rappelle que :

- quelle que soit la valeur, l’importance, la capacité dont a fait preuve le père fondateur dans la mise en route d’une œuvre, celui-ci est et ne reste qu’un ouvrier temporaire dont l’œuvre est transitoire. Les serviteur, l’un après l’autre, passent, mais l’œuvre demeure, car, avant d’être l’œuvre d’un homme, l’église, le travail spirituel qui se fait dans les cœurs et sa poursuite, est l’œuvre de Dieu. Comme sans Lui, elle n’aurait pu se faire et démarrer, sans Lui, de toute manière, elle ne peut se poursuivre.

- quel que soit le degré d’investissement qu’a été celui de l’ouvrier dans la naissance d’une œuvre, vient le temps où celui-ci doit lâcher les rênes de la direction de l’œuvre et passer la main. Or, pour l’ouvrier qui quitte, le repose ne se trouve pas d’abord dans la confiance qu’il peut avoir en l’ouvrier qui le suit, mais en la fidélité et la puissance du Dieu avec qui il a travaillé et qui, in fine, est le seul garant de l’avenir de cette œuvre.

- le degré d’investissement dont a fait preuve l’ouvrier engagé dans le début d’une œuvre et la qualité de son travail ne sont jamais preuve de la garantie de la pérennité de cette œuvre dans les mêmes conditions. Alors que l’action s’arrête, est rendu plus évident encore pour l’ouvrier qui en a été l’auteur le besoin et la nécessité de la foi et de la prière.

C’est de manière déchirante que Paul, aussi bien que les anciens d’Ephèse qui lui sont liés par tant de souvenirs, prennent congé les uns des autres. Si des adieux entre frères sont toujours difficiles, nous savons cependant qu’ils seront suivis un jour ou l’autre de joyeuses retrouvailles éternelles. Que le Seigneur nous donne à chacun de nous attacher les uns aux autres dans une juste mesure. Personne, y compris les meilleurs, dans l’œuvre de Dieu n’est irremplaçable. Tous nous devons un jour rendre notre tablier. Que nous puissions le faire le cœur en paix, dans le repos de la foi en Celui qui, Lui, ne passe pas !

samedi 18 octobre 2008

Actes 20,17 à 31


Texte biblique

Cependant, de Milet Paul envoya chercher à Ephèse les anciens de l’Eglise. Lorsqu’ils furent arrivés vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, je me suis sans cesse conduit avec vous, servant le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs. Vous savez que je n’ai rien caché de ce qui vous était utile, et que je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons, annonçant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus–Christ. Et maintenant voici, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y arrivera ; seulement, de ville en ville, l’Esprit–Saint m’avertit que des liens et des tribulations m’attendent. Mais je ne fais pour moi–même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher. Prenez donc garde à vous–mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint–Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous.

Réflexion

Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse :

Conscient qu’il est sur la fin de son parcours, Paul profite de son passage à proximité d’Ephèse pour envoyer chercher les anciens de l’église de cette ville dans laquelle il demeura au moins deux ans pour leur faire ses adieux. Réuni avec eux, Paul leur ouvre son coeur et leur donne une triple vue sur le parcours commun que le Seigneur leur a permis de vivre ensemble :

1. Concernant le passé, Paul témoigne et rappelle quelle a été sa conduite devant eux depuis le premier jour où, dit-il, il a mis les pieds en Asie pour annoncer l’Evangile. Paul leur rappelle ainsi le modèle qu’il leur a donné. Il le fait pour plusieurs raisons : pour que les éphésiens se souviennent de quel moule ils sont sortis et n’oublient pas quel est le père duquel ils sont issus : cf Esaïe 51,1-2; Hébr 13,7. C’est ce modèle initial, veut dire Paul, qui doit rester dans leur esprit le modèle de référence pour leurs vies de ce qui doit être fait et vécu pour le nom de Jésus-Christ. Il leur rappelle par ce modèle les grandes vertus qui doivent caractériser la vie du témoin de Christ dans le monde : courage, ténacité, persévérance, humilité... mais aussi la méthode qui a été la sienne : l’annonce publique et dans les maisons à tous de l’Evangile... ainsi que le contenu du message qui a été le sien : repentance, conversion à Dieu, foi en Jésus-Christ.

2. Concernant le moment présent, il témoigne de ce que, esclave du Saint-Esprit, il sait et pressent de ce qui l’attend en faisant route vers Jérusalem. Là encore, Paul réaffirme, malgré le degré de menace plus important, sa volonté de ne changer en rien sa ligne de conduite. Une seule chose compte en effet à ses yeux : non la sécurité et l’avenir de sa personne, mais le fait d’achever sa course et de mener à terme le ministère que le Seigneur lui a confié : rendre témoignage de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.

3. Concernant l’avenir, Paul, conscient que c’est la dernière fois qu’il voit ses frères, leur donne sous forme de testament spirituel, ses dernières directives et avertissements :

- v 26-27 : il responsabilise les anciens en se déchargeant une fois pour toutes de sa propre responsabilité spirituelle quant à l’avenir de l’oeuvre de Dieu parmi eux. De son côté, c’est en toute bonne conscience et avec le sentiment du devoir accompli qu’il ôte le tablier de serviteur qu’il portait et quitte son service pour le confier à ceux qui en prendront la suite.

- v 28 à 31 : il les exhorte à veiller et prendre garde au troupeau que Dieu leur confie (ce qui est le devoir et la charge principale d’un berger) et les avertit du danger des prédateurs féroces qui, après son départ, ne manqueront pas de s’attaquer à lui. Indirectement, Paul souligne ici l’une des fonctions essentielles de l’apôtre ou du père fondateur d’une église, celle d’être un rempart donné par Dieu contre les ambitions humaines et charnelles de ceux qui ne songent qu’à une chose : utiliser le troupeau pour satisfaire leur désir de domination sur les âmes. C’est pourquoi Paul le rappelle : veiller est la mission permanente et première que doit se donner chaque berger, une mission qui oblige à être lucide et se garder de toute naïveté et sentimentalisme bon enfant. Une mission difficile qui requiert à la fois une attitude de détachement et de proximité, de recul et de vigilance, de patience et d’intervention, d’amour pour les hommes et d’obéissance prioritaire à Dieu. Paul, maintenant qu’il quitte sa charge, se cite de nouveau comme modèle à imiter pour ses frères, non en vue de s’enorgueillir de ce qu’il a fait au milieu d’eux, mais pour que chacun garde en son esprit l’exemple vivant de son vécu pour s’en inspirer.

vendredi 17 octobre 2008

Actes 20,13 à 16


Texte biblique

Pour nous, nous précédâmes Paul sur le navire, et nous fîmes voile pour Assos, où nous étions convenus de le reprendre, parce qu’il devait faire la route à pied. Lorsqu’il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes à bord, et nous allâmes à Mytilène. De là, continuant par mer, nous arrivâmes le lendemain vis–à–vis de Chios. Le jour suivant, nous cinglâmes vers Samos, et le jour d’après nous vînmes à Milet. Paul avait résolu de passer devant Ephèse sans s’y arrêter, afin de ne pas perdre de temps en Asie ; car il se hâtait pour se trouver, si cela lui était possible, à Jérusalem le jour de la Pentecôte.

Réflexion

Séparation momentanée de Paul et des disciples :

Bien que travaillant en équipe, Paul, comme le Seigneur Jésus, avait aussi besoin de temps de solitude. Aussi profita-t-il ici d’un temps de déplacement pour choisir, contrairement à ses compagnons qui partirent en bateau, de se rendre seul, à pied et par la route de Troas à Assos. Ce besoin de solitude chez Paul était, comme pour le Seigneur, d’autant plus pressant qu’il ressentait, au fur et à mesure qu’il approchait de Jérusalem où il voulait être pour la Pentecôte, qu’il allait au devant de grandes difficultés.

Paul nous enseigne ici la nécessité impérieuse pour tout homme de Dieu d’avoir des moments réguliers de solitude avec Dieu. Plus que dans la compagnie des frères, c’est d’abord et surtout dans le face à face avec Dieu que le serviteur et l’homme de Dieu puisent les forces qui donneront à son âme le courage et la détermination d’entrer dans les plans de Dieu, quel que soit le prix que demandera cet engagement.

C’est dans le dialogue ultérieur que l’apôtre aura avec les anciens d’Ephèse que nous est révélé ce qui fit le contenu de ses pensées dans ce moment de solitude. Ces moments privilégiés, rares, vitaux nous sont nécessaires car, c’est dans ces moments :
- que nous recevons la vision claire de ce que Dieu veut pour nous
- que mûrit en nous la compréhension de ses pensées
- que s’élaborent les messages et les partages les plus profonds et les plus personnels
- que nous sommes le mieux préparé à ce qui nous attend

Que le Seigneur m’aide à privilégier les moments de solitude et de face à face avec Lui, à prendre conscience que rien n’est plus grand, plus bénéfique à ma vie et à la communion avec Lui que ces instants. Négliger le fait de nous ressourcer régulièrement auprès de Lui, c’est choisir et opter d’avoir faim, de nous affaiblir et de nous rendre fragile, vulnérable face à la dureté de l’opposition que nous ne manquerons pas de rencontrer. C’est préparer d’avance sa défaite ! Que Dieu me donne chaque jour d’avoir toujours davantage faim et soif de Lui !

jeudi 16 octobre 2008

Actes 20,7 à 12


Texte biblique

Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain. Paul, qui devait partir le lendemain, s’entretenait avec les disciples, et il prolongea son discours jusqu’à minuit. Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où nous étions assemblés. Or, un jeune homme nommé Eutychus, qui était assis sur la fenêtre, s’endormit profondément pendant le long discours de Paul ; entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas, et il fut relevé mort. Mais Paul, étant descendu, se pencha sur lui et le prit dans ses bras, en disant : Ne vous troublez pas, car son âme est en lui. Quand il fut remonté, il rompit le pain et mangea, et il parla longtemps encore jusqu’au jour. Après quoi il partit. Le jeune homme fut ramené vivant, et ce fut le sujet d’une grande consolation.

Réflexion

Malheur au cours d’une réunion sainte :

Ce qui se produisit ici, la chute d’Eutyque depuis la fenêtre de la chambre où se déroulait la réunion d’adieu de Paul aux croyants de Troas, est l’une des choses qui, peut-être, figure parmi les plus difficiles à vivre. Alors que tout ici est marqué par une atmosphère propre à la piété, la solennité, le recueillement, l’écoute, le malheur va fondre en un instant sur l’assemblée la faisant soudainement basculer dans l’angoisse et l’horreur. Comment concilier la venue si soudaine du malheur, de l’accident, avec l’assurance que, lorsque nous nous rassemblons, le Seigneur est là avec nous aussi pour veiller sur nous ? Et que penser lorsque, contrairement à ce qui se produit ici, les choses ne terminent pas bien, comme certains ont pu le vivre ?

L’accident de la chute d’Eutyque nous conduit à plusieurs constatations :

- la foi en Dieu n’est pas une assurance qui couvre tous les risques. Si, comme le cas ici en témoigne, la souveraineté de Dieu fait que Celui-ci reste à la barre de contrôle de tout ce qui touche à la vie des croyants, le malheur et un accident restent toujours possibles. Bénissons Dieu cependant pour toutes les fois où, manifestement par Sa puissance, Il a agi de manière à ce que, ce qui aurait pu tourner mal et finir de manière dramatique, a été évité et changé en cris de joie.

- la foi en Dieu ne nous exempte pas de veiller les uns sur les autres et de prendre les précautions les plus élémentaires pour éviter l’accident. Sans doute, même s’il y avait beaucoup de monde, le rebord de fenêtre sur lequel se trouvait Eutyque n’était pas le meilleur endroit où se poser pour un jeune homme fatigué. On peut aussi penser que la mention du grand nombre de lampes présentes, ce qui, avec le grand nombre de personnes présentes, devait avoir alourdi l’atmosphère et diminué le taux d’oxygène présent dans l’air, ne soit pas sans rapport avec ce qui s’est produit. On doit ici apprendre que le fait de nous consacrer aux choses spirituelles ne doit pas éclipser notre attention et notre vigilance pour les autres choses de la vie.

- Nous ne savons pas l’âge d’Eutyque, mais on peut aussi se poser la question s’il était juste qu’il se trouve dans le lieu où il se trouvait à une heure aussi avancée de la nuit. Sa place n’aurait-elle pas été d’être chez lui dans son lit ? A vouloir faire passer les choses spirituelles en priorité, ne courons-nous pas le risque parfois de nous montrer négligents dans nos autres responsabilités au préjudice physique (et parfois plus) de nos enfants ? La chute d’Eutyque peut aussi être le symbole de cette négligence qui, soudainement, se manifeste crûment et avec douleur dans la vie de nos bien-aimés trop délaissés !

La chute d’Eutyque ne fut cependant pas qu’un malheur dû à certaines négligences, mais aussi l’occasion pour Dieu de manifester Sa puissance au travers de Paul, mis ici au rang même des prophètes d’autrefois (Elie et Elisée).

Que le Seigneur nous donne d’être juste et capable d’un bon équilibre dans notre manière de marier notre vie spirituelle, communautaire et nos responsabilités familiales !

mercredi 15 octobre 2008

Actes 20,1 à 5


Texte biblique

Lorsque le tumulte eut cessé, Paul réunit les disciples, et, après les avoir exhortés, prit congé d’eux, et partit pour aller en Macédoine. Il parcourut cette contrée, en adressant aux disciples de nombreuses exhortations. Puis il se rendit en Grèce, où il séjourna trois mois. Il était sur le point de s’embarquer pour la Syrie, quand les Juifs lui dressèrent des embûches. Alors il se décida à reprendre la route de la Macédoine. Il avait pour l’accompagner jusqu’en Asie : Sopater de Bérée, fils de Pyrrhus, Aristarque et Second de Thessalonique, Gaïus de Derbe, Timothée, ainsi que Tychique et Trophime, originaires d’Asie. Ceux–ci prirent les devants, et nous attendirent à Troas.

Réflexion

Déplacements :

Mis à part l’évangélisation, l’encouragement apparaît ici comme le second volet du ministère de Paul auprès des églises. Là où il a déjà travaillé, où des églises sont implantées, Paul considère que ce n’est plus sur lui que repose la charge de la responsabilité de l’extension du témoignage dans cette région mais à l’église. Aussi, ce dont ont besoin les croyants dans cette étape, n’est pas qu’on les remplace, mais qu’on les soutienne dans cet effort. C’est ici que prend dans toute sa valeur la place de l’encouragement et de l’exhortation.

Le récit de Luc témoigne également des origines multiples des personnes constituant l’équipe accompagnant Paul dans ses déplacements. Les passages de Paul dans les différents lieux où il annonça l’Evangile ne contribuèrent pas seulement à ce que des églises nouvelles soient implantées, mais aussi à ce que de jeunes serviteurs de Dieu soient suscités et recrutés. La multiplication se fit ainsi à plusieurs niveaux.

Notons enfin que, si Paul avait des objectifs, il était soumis dans ses projets aux aléas du temps et des circonstances. Paul ne fit pas toujours ce qu’il avait projeté. Il dut accepter de revoir ses projets, de les différer ou de les annuler. Il était, comme tout homme, soumis à des contingences contraignantes qui l’obligeait à devoir composer et, au fur et à mesure de sa marche, réajuster sa façon de penser et de concevoir son avenir. Croyons cependant avec lui que, dans de tels cas de figure, rien ne se produit au hasard. Tout est le résultat de l’oeuvre de Dieu qui, souverainement, même au travers des projets des adversaires de l’Evangile, conduit Ses serviteurs dans les lieux et les oeuvres qu’Il a préparés d’avance pour eux.

Que le Seigneur nous donne cette souplesse et cette disponibilité dont nous avons besoin en Lui !

mardi 14 octobre 2008

Actes 19,21 à 40

Texte biblique

Après que ces choses se furent passées, Paul forma le projet d’aller à Jérusalem, en traversant la Macédoine et l’Achaïe. Quand j’aurai été là, se disait–il, il faut aussi que je voie Rome. Il envoya en Macédoine deux de ses aides, Timothée et Eraste, et il resta lui–même quelque temps encore en Asie. Il survint, à cette époque, un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur. Un nommé Démétrius, orfèvre, fabriquait en argent des temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. Il les rassembla, avec ceux du même métier, et dit : O hommes, vous savez que notre bien–être dépend de cette industrie ; et vous voyez et entendez que, non seulement à Ephèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d’homme ne sont pas des dieux. Le danger qui en résulte, ce n’est pas seulement que notre industrie ne tombe en discrédit ; c’est encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle qui est révérée dans toute l’Asie et dans le monde entier ne soit réduite à néant. Ces paroles les ayant remplis de colère, ils se mirent à crier : Grande est la Diane des Ephésiens ! Toute la ville fut dans la confusion. Ils se précipitèrent tous ensemble au théâtre, entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul. Paul voulait se présenter devant le peuple, mais les disciples l’en empêchèrent ; quelques–uns même des Asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui, pour l’engager à ne pas se rendre au théâtre. Les uns criaient d’une manière, les autres d’une autre, car le désordre régnait dans l’assemblée, et la plupart ne savaient pas pourquoi ils s’étaient réunis. Alors on fit sortir de la foule Alexandre, que les Juifs poussaient en avant ; et Alexandre, faisant signe de la main, voulait parler au peuple. Mais quand ils reconnurent qu’il était Juif, tous d’une seule voix crièrent pendant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens ! Cependant le secrétaire, ayant apaisé la foule, dit : Hommes Ephésiens, quel est celui qui ignore que la ville d’Ephèse est la gardienne du temple de la grande Diane et de son simulacre tombé du ciel ? Cela étant incontestable, vous devez vous calmer, et ne rien faire avec précipitation. Car vous avez amené ces hommes, qui ne sont coupables ni de sacrilège, ni de blasphème envers notre déesse. Si donc Démétrius et ses ouvriers ont à se plaindre de quelqu’un, il y a des jours d’audience et des proconsuls ; qu’ils s’appellent en justice les uns les autres. Et si vous avez en vue d’autres objets, ils se régleront dans une assemblée légale. Nous risquons, en effet, d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, puisqu’il n’existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement. Après ces paroles, il congédia l’assemblée.

Réflexion

Emeute à Ephèse :

1. la cause : la réaction de Démétrios aux conséquences économiques qu’entraînait, pour son activité, la prédication de l’Evangile par Paul. La connaissance du vrai Dieu et d’une relation possible et directe avec Lui par Christ portait préjudice au culte de la déesse Diane qui avait son temple à Ephèse, ainsi qu’à tout le commerce qui s’était développé autour de ce culte. Ceci à tel point que le chiffre d’affaires de toute la corporation d’artisans qui vivait de ce commerce avait considérablement baissé. Démétrios avertit les gens de la profession : si le message de l’Evangile continue à gagner du terrain, ce n’est pas seulement l’avenir de leur industrie qui est en danger, mais encore la réputation, le temple et le culte même rendu à la déesse dans toute la province d’Asie. Il apparaît évident ici cependant que ce qui dérange Démétrios est davantage les incidences financières que les questions spirituelles, celles-ci ne servant en fait que de prétexte pour émouvoir et mobiliser les autres aux causes de son inquiétude.

Cet épisode nous enseigne une vérité importante. Cette vérité est que, là où l’Evangile gagne du terrain, ce n’est pas seulement sur le plan spirituel, mais aussi, de manière pratique, sur le plan économique et social que ses effets se font ressentir. Chaque réveil en témoigne : l’Evangile change en profondeur les pensées, sentiments et convictions de ceux qui le reçoivent et modifient dans la même mesure leur comportement (autre exemple : vente d’alcool, renoncement aux jeux de hasard, fermeture des maisons closes, abandon de l’esclavage...). Que par la puissance de Dieu, notre société fasse encore en notre temps l’expérience de l’influence bénéfique de l’Evangile.

2. l’émeute : Démétrios ayant réussi, par son discours, à provoquer l’indignation des éphésiens, le tumulte gagna toute la ville et provoqua dans le théâtre de la ville un attroupement considérable de personnes, bien décidées à défendre l’honneur de ce qui faisait à leurs yeux la fierté de leur cité. Luc relate cependant un fait commun à toute émeute : la confusion des revendications visible dans la multiplicité des slogans contradictoires qui sortaient de la foule composée de gens qui, ajoute-t-il, pour la plupart ne savait pas pourquoi ils se trouvaient là.

Le récit relaté ici met en relief l’une des causes fondamentales des mouvements de foule comme des réactions fortes auxquelles on peut assister lorsque l’être humain est confronté à un certain type de nouvelle, d’annonce ou d’information. L’indignation est une réaction de défense ou de survie. Elle est, pourrait-on dire, la réaction émotionnelle naturelle du coeur humain, mais aussi de Dieu, lorsque, placé devant une parole ou un comportement qui met en cause un point fondamental (ce qui, en quelque sorte, ressort pour nous du sacré) de notre façon de penser la réalité, nous nous levons pour en défendre le bien-fondé. Aussi la grande question est-elle de savoir si la raison pour laquelle nous nous indignons est conforme ou non à la réalité. Car, comme c’est le cas ici, nous pouvons nous indigner pour des choses fausses et mensongères. Nous devons aussi veiller à nous assurer que ce qu’on nous présente comme étant mis en cause correspond aussi à la vérité, et n’est pas une technique de manipulation utilisée par un groupe pour gagner la cause à sa majorité. Que le Seigneur nous aide à nous attacher à la vérité de Sa parole pour que, seules les motivations ayant trait à Sa gloire et Son honneur nous poussent à nous indigner.

3. le secours : la foule étant incapable, dans l’état dans lequel elle se trouvait, d’être raisonnée, c’est par l’autorité des représentants de l’ordre et le rappel à la loi et aux procédures légales à suivre dans le cas de plaintes que l’émeute pris fin. Ce fait confirme l’enseignement que Paul donne lui-même au sujet des bienfaits de l’autorité. Même si, comme pour toute chose dans ce monde, l’exercice de l’autorité peut conduire à des abus, l’autorité, quand elle est exercée dans les normes et les règles est un atout positif pour le croyant. Parce qu’elle représente l’ordre et que Dieu est un Dieu d’ordre, l’autorité est partenaire de l’Eglise dans le service de Dieu, de l’ordre et du bien dans ce monde. Aussi travaillons, autant que faire se peut, à ne pas être une force d’opposition à l’autorité dans le monde. N’hésitons pas aussi, si le cas le demande, à avoir recours comme ici à son arbitrage lorsque, tout en étant soumis à la loi civile, nous sommes mis en accusation pour des raisons partisanes.

Que Dieu nous donne d’agir ainsi le plus justement possible dans le monde et de donner, par notre droiture et notre souci d’obéissance à la loi, la preuve de notre bonne volonté à la gloire de Dieu.

lundi 13 octobre 2008

Actes 19,18 à 20


Texte biblique

Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait. Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde: on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent. C’est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force.

Réflexion

Victoire spirituelle :

Si la puissance de Dieu se manifestait, de façon involontaire, par la confession du nom de Christ par les esprits mauvais, elle se révélait aussi par la rupture radical, publique, spectaculaire des nouveaux croyants avec les pratiques occultes anciennes auxquelles ils s’adonnaient. C’est ainsi que, pour signifier publiquement leur passage d’un camp à l’autre, plusieurs d’entre eux sortirent des rayons de leur bibliothèque, des ouvrages de grande valeur, ayant trait au commerce qu’ils avaient entretenu dans le passé avec les puissances des ténèbres, pour les détruire par le feu en un puissant autodafé. Pour se faire ici, ni la valeur pécuniaire des ouvrages concernés, ni un résidu de crainte quelconque n’entra en ligne de compte. Ayant expérimenté la puissance salvatrice de Christ, les croyants affichaient outrageusement les signes de la liberté nouvelle qu’ils venaient de trouver.

Et, quant à nous, où en sommes-nous à ce sujet ? Croyons-nous encore que, par le Christ, des victoires complètes et des ruptures radicales puissent encore s’accomplir ? Où, bien que professant Christ, sommes-nous encore soumis secrètement à la puissance de Satan dans un domaine de notre vie ? Si tel est le cas, sachons-le ! Ce que le Seigneur souhaite dans nos vies n’est pas des demi-victoires. Une demi-victoire, à ses yeux, n’en est pas une, mais une défaite.

Un autre point que souligne ce récit est que, selon Paul, par la croix, c’est publiquement que le Seigneur a exposé Satan en spectacle : Col 2,15. Cette victoire publique du Christ, Dieu s’attend à ce que dans nos vies, elle se traduise par des actes publics tendant à la manifester. Celui qui déclarera publiquement pour le Christ, le Fils se prononcera publiquement pour lui dans les cieux : Luc 12,8. D’où l’engagement public du baptême établi par le Christ pour attester et signifier ouvertement et publiquement de la décision prise en secret devant Dieu de Lui appartenir. Que le Seigneur nous donne et nous accorde de ne pas avoir honte de Lui, mais de confesser hautement, fortement et publiquement Son nom devant les hommes, les anges et les démons !

dimanche 12 octobre 2008

Actes 19,11 à 17

Texte biblique

Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu’on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient. Quelques exorcistes juifs ambulants essayèrent d’invoquer sur ceux qui avaient des esprits malins le nom du Seigneur Jésus, en disant: Je vous conjure par Jésus que Paul prêche ! Ceux qui faisaient cela étaient sept fils de Scéva, Juif, l’un des principaux sacrificateurs. L’esprit malin leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes–vous ? Et l’homme dans lequel était l’esprit malin s’élança sur eux, se rendit maître de tous deux, et les maltraita de telle sorte qu’ils s’enfuirent de cette maison nus et blessés. Cela fut connu de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Ephèse, et la crainte s’empara d’eux tous, et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.

Réflexion

Plagiat spirituel :

Si c’est d’abord par la parole et l’enseignement que le Seigneur utilisait Paul pour établir le témoignage de Christ parmi les juifs comme les non-juifs, Il ne se privait cependant pas de confirmer celui-ci par de nombreux signes et miracles extraordinaires s’opérant à travers ses mains. La réputation de guérisseur de Paul était telle, dit Luc, qu’on allait jusqu’à appliquer des linges ou des étoffes ayant touché son corps sur les malades et les démoniaques et, qu’ainsi même, tous étaient guéris et délivrés.

Des exorcistes juifs ambulants, relate Luc, ayant eu connaissance de la puissance qui émanait du nom du Seigneur Jésus invoqué par Paul, se mirent dans l’idée d’utiliser ce nom comme une formule pour exercer leur "art". Bien mal leur en pris ! Car si le nom de Jésus est à lui seul capable de faire trembler les forces de l’enfer, la puissance liée à ce nom n’est donné qu’à ceux qui en sont dignes, ceux auxquels Jésus lui-même peut s’identifier. Pris à parti par ces hommes déguisés en serviteurs de Christ, les esprits mauvais ne s’y trompèrent pas. Si dans la société humaine, on peut se faire passer pour croyants, le monde des esprits ne s’y trompe pas. Il sait exactement dans quel camp chacun se situe sur le plan spirituel. Personne qui ne soit mandaté par Christ n’a le pouvoir d’exercer l’autorité de Christ sans que cela ne se retourne un jour contre lui, si ce n’est dans le présent au moins au jour du jugement : Matthieu 7,21 à 23. C’est une chose grave, sainte et qui porte à rudes conséquences que d’utiliser le nom de Christ alors qu’en rien, sur le plan spirituel, nous ne sommes identifiés à Lui.

Loin d’atténuer le témoignage de Christ, ces évènements contribuèrent encore davantage à ce qu’Il soit magnifié. Toutes choses concourent à la fois au bien de ceux qui aiment Dieu, mais aussi à la gloire de Dieu. Satan et les ennemis de Christ eux-mêmes servent de marchepied pour rehausser Sa gloire. Que le Seigneur me donne, quant à moi, d’être et de rester un humble serviteur, disponible pour les oeuvres qu’Il a préparées d’avance pour moi.

samedi 11 octobre 2008

Actes 19,1 à 10


Texte biblique

Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes provinces de l’Asie, arriva à Ephèse. Ayant rencontré quelques disciples, il leur dit : Avez–vous reçu le Saint–Esprit, quand vous avez cru ? Ils lui répondirent : Nous n’avons pas même entendu dire qu’il y ait un Saint–Esprit. Il dit : De quel baptême avez–vous donc été baptisés ? Et ils répondirent : Du baptême de Jean. Alors Paul dit : Jean a baptisé du baptême de repentance, disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est–à–dire, en Jésus. Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint–Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient. Ils étaient en tout environ douze hommes. Ensuite Paul entra dans la synagogue, où il parla librement. Pendant trois mois, il discourut sur les choses qui concernent le royaume de Dieu, s’efforçant de persuader ceux qui l’écoutaient. Mais, comme quelques–uns restaient endurcis et incrédules, décriant devant la multitude la voie du Seigneur, il se retira d’eux, sépara les disciples, et enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus. Cela dura deux ans, de sorte que tous ceux qui habitaient l’Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur.

Réflexion

1. La rencontre de Paul à Ephèse avec des disciples de Jean est source d’encouragement pour plusieurs raisons :

- elle souligne la réalité de la construction par étapes de l’oeuvre de Dieu dans des vies. Il se peut, comme dans le cas présent, qu’un espace temps assez long puisse exister d’une étape à une autre. Ce n’est pas à l’homme, mais à Dieu qu’Il revient de fixer les temps et les moments de l’oeuvre de Dieu.

- elle souligne la pérennité de la conservation dans les coeurs de l’oeuvre commencée par Dieu. De nombreuses années s’étaient écoulées depuis Jean. L’oeuvre de Dieu dans le coeur de ces hommes en était restée là, mais elle n’avait pas été détruite et n’avait pas disparu. Elle était restée vivante et intacte dans leurs vies

- elle souligne la complémentarité des serviteurs au moyen desquels nous croyons. Notre message n’est pas nous-mêmes, mais le Christ. Et, parce qu’Il est le Christ, c’est Lui qui décide, en vue de la réalisation de Son oeuvre, d’envoyer tel ou tel serviteur sur le chemin des uns et des autres.

- elle souligne le souci d’unité de Dieu pour l’Eglise. Le fait pour Dieu de faire passer les disciples de Jean par la même expérience que ceux qui ont cru avant eux est, pour eux, une indication sans ambiguïté de la communauté à laquelle, par l’expérience spirituelle qu’ils viennent de faire, ils sont désormais rattachés : l’Eglise.

2. la priorité de Paul : toujours les juifs

A Ephèse, Paul ne se départit pas de l’habitude qui était la sienne dans toutes les villes où il arrivait. Israël étant le peuple élu, c’est aux juifs en premier que Paul chercha à s’adresser pour les faire entrer dans le royaume de Dieu. Paul respectait ainsi l’ordre voulu par Dieu dans la hiérarchie des peuples destinés à être bénéficiaires du salut. Il témoignait par là de son attachement à sa nation, choisie dès l’origine pour recevoir les oracles de Dieu, la loi, puis le Christ. Bien que la nouvelle alliance en Jésus-Christ anéantisse le mur de séparation existant, par l’élection, entre juifs et païens et permette l’accès à tous à la vie nouvelle et éternelle, Paul (et Jésus) ne renie en rien le choix originel de Dieu qui s’est porté sur Israël pour faire de lui Son peuple au milieu des autres peuples.

La raison supplémentaire de cette priorité tient au fait que, puisque c’est aux juifs en priorité qu’ont été donné la Parole et les promesses, ils devaient être les plus à même de la recevoir et de la comprendre. Paul fera cependant à Ephèse une nouvelle fois la même expérience qu’à Corinthe ou ailleurs. Après avoir annoncé dans la synagogue la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ, l’opposition sera telle qu’il quittera la synagogue et, dans un lieu à part, prendra ceux qui auront cru pour les enseigner et les former à la nouvelle vie. Paul restera ainsi deux ans à Ephèse, deux ans pendant lesquels il ne cessera d’enseigner et d’annoncer l’Evangile de sorte que tous ceux qui habitaient la province aient l’occasion d’entendre la Bonne Nouvelle. Que le Seigneur nous donne ainsi de saturer nos contemporains de cette même Bonne Nouvelle. Donne-nous, ô Dieu, d’accomplir fidèlement notre mandat de façon à ce que, parvenu à son terme, nous ayons nous aussi le sentiment du devoir accompli.

vendredi 10 octobre 2008

Actes 18,24 à 28


Texte biblique

Un Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, homme éloquent et versé dans les Ecritures, vint à Ephèse. Il était instruit dans la voie du Seigneur, et, fervent d’esprit, il annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il ne connût que le baptême de Jean. Il se mit à parler librement dans la synagogue. Aquilas et Priscille, l’ayant entendu, le prirent avec eux, et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu. Comme il voulait passer en Achaïe, les frères l’y encouragèrent, et écrivirent aux disciples de le bien recevoir. Quand il fut arrivé, il se rendit, par la grâce de Dieu, très utile à ceux qui avaient cru ; Car il réfutait vivement les Juifs en public, démontrant par les Ecritures que Jésus est le Christ.

Réflexion

Apollos, un autre apôtre : portrait :

- un homme éloquent : la première qualité nommé par Luc, celle qui devait le plus frapper lorsqu’on faisait la connaissance d’Apollos. Comme les capacités manuelles, artistiques, d’analyse, l’éloquence est un talent naturel donné par Dieu, inscrit dans les gênes psychologiques d’une personne. Un talent qui, soumis, contrôlé et utilisé par le Saint-Esprit au service de l’Evangile est une arme puissante au service de la vérité et contre l’erreur. L’éloquence est l’art de convaincre et d’émouvoir par la parole, une facilité donnée pour bien parler. C’est être capable au bon moment de choisir le mot et l’expression juste, celle qui, à la fois, traduit exactement la pensée que l’on veut exprimer et, en même temps, touche et s’applique à la situation des personnes à qui elle est adressée.

L’éloquence dans le service de Dieu ne suffit pas. Si ce talent peut se montrer très utile, il doit s’accompagner, pour l’être dans l’oeuvre de Dieu, des qualités spirituelles qui habitaient aussi par ailleurs chez Apollos :

- un homme versé dans l’Ecriture : Apollos était un homme dont la pensée et l’esprit étaient saturés de la Parole de Dieu. C’était un homme qui ne se contentait pas d’une lecture et d’une connaissance superficielle de l’Ecriture, mais un homme qui avait étudié, approfondi, sondé l’Ecriture. L’expression employée pour décrire Apollos signifie qu’il n’y avait aucun sujet, aucun thème de la Parole de Dieu sur lequel Apollos n’avait pas réfléchi et pour lequel il n’était pas capable de formuler une définition claire de ce qu’il croyait. Eloquence et connaissance étaient les deux atouts majeurs d’Apollos.

- un homme instruit dans la voie du Seigneur et fervent d’esprit : la piété personnelle d’Apollos ne se limitait pas à une forme d’intellectualisme. Apollos n’était pas seulement quelqu’un qui cherchait Dieu avec sa tête, mais encore avec son coeur. Quiconque l’écoutait savait qu’il ne parlait pas seulement de ce qu’il connaissait sur le plan intellectuel, mais qu’il le vivait aussi.

- un homme enseignable. Au-delà des qualités déjà citées, celle-ci paraît la plus importante. Au niveau où était Apollos, on aurait pu penser que personne n’avait plus rien à lui apprendre. Ce n’était pas ce que pensait Apollos qui était convaincu qu’au sujet de Dieu, il avait besoin, non seulement de la lumière qui lui était donnée, mais de celle qui était aussi donnée aux autres. Aussi put-il être encore plus utile à l’oeuvre de Dieu lorsque, après avoir reçu dans l’humilité l’enseignement que lui prodiguèrent Priscille et Aquilas au sujet de Jésus, il ajouta à tout ce qu’il avait déjà compris par Jean, les certitudes qu’il reçut par eux.

Que le Seigneur nous donne dans Sa grâce d’avoir la même attitude et les mêmes dispositions qu’Apollos.

jeudi 9 octobre 2008

Actes 18,18 à 23


Texte biblique

Paul resta encore assez longtemps à Corinthe. Ensuite il prit congé des frères, et s’embarqua pour la Syrie, avec Priscille et Aquilas, après s’être fait raser la tête à Cenchrées, car il avait fait un vœu. Ils arrivèrent à Ephèse, et Paul y laissa ses compagnons. Etant entré dans la synagogue, il s’entretint avec les Juifs, qui le prièrent de prolonger son séjour. Mais il n’y consentit point, et il prit congé d’eux, en disant: Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem. Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut. Et il partit d’Ephèse. Etant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem, et, après avoir salué l’Eglise, il descendit à Antioche. Lorsqu’il eut passé quelque temps à Antioche, Paul se mit en route, et parcourut successivement la Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.

Réflexion

Itinérance de Paul :

Paul estimant son séjour à Corinthe terminé (c’est dans cette ville qu’il demeura peut-être le plus longtemps), il prit congé des frères et, après une courte visite à Ephèse où il laissa Priscille et Aquilas, puis à Césarée, rejoignit la communauté d’Antioche d’où il avait été envoyé. Il n’y restera que peu de temps. Ayant la démangeaison missionnaire, il reprendra la route traversant successivement le pays galate et la Phrygie affermissant les disciples partout où il passera.

Tel est Paul, un homme dont la vie entière est consacrée au service de la Parole et de l’Eglise. Notons ici l’objectif différent de la cause de son périple. Après avoir souffert pour annoncer l’Evangile et voir des églises se lever et naître, Paul se donne au second volet de sa tâche tout aussi important que le premier : l’affermissement des églises nées de son premier passage dans les lieux où il se rend. Que Dieu nous donne de voir dans quel temps il faut faire chaque chose. Qu’Il nous aide à comprendre de mieux en mieux la tâche à laquelle nous devons nous donner à chaque instant et étape de notre parcours. C’est aussi notre prière dans ce qu’Il nous donne de vivre en Lui.

mercredi 8 octobre 2008

Actes 18,12 à 17

Texte biblique

Du temps que Gallion était proconsul de l’Achaïe, les Juifs se soulevèrent unanimement contre Paul, et le menèrent devant le tribunal, en disant : Cet homme excite les gens à servir Dieu d’une manière contraire à la loi. Paul allait ouvrir la bouche, lorsque Gallion dit aux Juifs: S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque méchante action, je vous écouterais comme de raison, ô Juifs ; mais, s’il s’agit de discussions sur une parole, sur des noms, et sur votre loi, cela vous regarde : je ne veux pas être juge de ces choses. Et il les renvoya du tribunal. Alors tous, se saisissant de Sosthène, le chef de la synagogue, le battirent devant le tribunal, sans que Gallion s’en mît en peine.

Réflexion

Comparution de Paul devant Gallion, proconsul d’Achaïe :

Accusé par les Juifs de semer le trouble au milieu d’eux, en introduisant dans leur culte une nouveauté bousculant leurs traditions, Paul fut mis en examen et appelé à comparaître devant Gallion, le proconsul de l’Achaïe, face au chef d’accusation formulé et retenu contre Paul, Gallion ne laissa ni aux uns, ni aux autres l’occasion de se défendre. Il estima en effet, avec sagesse et à propos, que le chef d’accusation retenu ne relevait pas de sa compétence et du ressort de ses attributions. Précurseur de la laïcité, qui établit le principe de séparation des pouvoirs temporels et spirituels, Gallion est dans la droite ligne de la pensée de Jésus qui voulait que soit rendu à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu.

Si Gallion avait raison de ne pas s’ingérer dans des conflits et des disputes relevant de désaccords sur le plan doctrinal et religieux, il se montra cependant fort laxiste lorsque les juifs, insatisfaits de voir leur demande refusée d’être prise en compte, se vengèrent sous ses yeux sur Sosthène, le chef de la synagogue qui avait cru. Car le rôle de l’autorité est bien de sanctionner tout ce qui porte atteinte à l’ordre public et de protéger les minorités. Ainsi en est-il malheureusement souvent de l’autorité dans le système laïc. Elle prétend ne pas s’ingérer dans ce qui touche au spirituel, mais souvent refuse de défendre le droit d’expression des minorités et ne fait rien lorsqu’elles sont ouvertement discriminées par le pouvoir religieux ou philosophique dominant.

Que Dieu nous aide aussi a rappeler à l’autorité la conscience de ses devoirs envers nous, croyants. Restons cependant conscients que le royaume que nous défendons et pour lequel nous militons n’est pas de ce monde et, par conséquent, qu’il ne peut être reconnu comme tel par celui de ce monde. Cela a toujours été et le sera toujours jusqu’à la fin.

mardi 7 octobre 2008

Actes 18,1 à 11

Texte biblique

Après cela, Paul partit d’Athènes, et se rendit à Corinthe. Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, récemment arrivé d’Italie avec sa femme Priscille, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome. Il se lia avec eux ; et, comme il avait le même métier, il demeura chez eux et y travailla : ils étaient faiseurs de tentes. Paul discourait dans la synagogue chaque sabbat, et il persuadait des Juifs et des Grecs. Mais quand Silas et Timothée furent arrivés de la Macédoine, il se donna tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ. Les Juifs faisant alors de l’opposition et se livrant à des injures, Paul secoua ses vêtements, et leur dit : Que votre sang retombe sur votre tête ! J’en suis pur. Dès maintenant, j’irai vers les païens. Et sortant de là, il entra chez un nommé Justus, homme craignant Dieu, et dont la maison était contiguë à la synagogue. Cependant Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa famille. Et plusieurs Corinthiens, qui avaient entendu Paul, crurent aussi, et furent baptisés. Le Seigneur dit à Paul en vision pendant la nuit : Ne crains point ; mais parle, et ne te tais point, Car je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal : parle, car j’ai un peuple nombreux dans cette ville. Il y demeura un an et six mois, enseignant parmi les Corinthiens la parole de Dieu.

Réflexion

Paul à Corinthe :

1. Lieu d’une rencontre décisive avec un couple qui devait jouer un rôle futur important dans la vie de Paul : Aquilas et Priscille. Ayant le même métier qu’eux, Paul habita et travailla avec eux tout le temps qu’il fut seul à Corinthe : v 1 à 3.

Applications et enseignements que l’on peut tirer de son expérience :

a. le travail missionnaire suit des parcours qui ne sont pas linéaires. Il peut revêtir et prendre des formes variées. Nous ne devons pas faire d’un état une norme, mais être prêt, suivant la situation de nous adapter en veillant cependant à ne pas perdre de vue l’objectif final et notre vocation. Dès que nous le pouvons, nous devons retrouver notre liberté d’engagement, car, avant toutes choses, c’est au ministère de la Parole que Dieu appelle Ses serviteurs.

b. ce qui semble être un arrêt ne l’est jamais quand il est prévu dans le plan de Dieu. Arrivé à Corinthe, Paul ne put immédiatement se donner pleinement à sa vocation. Mais la rencontre qu’il fit avec Aquilas et Priscille aboutit à une association durable. Pour le Seigneur, des personnes clés sont au moins aussi importantes que des activités, car ce sont elles les futurs piliers de l’oeuvre. Ne négligeons pas la valeur du temps consacré à la construction de relations. A long terme, ce temps investi est porteur de nombre de fruits et de bénédictions.

2. Lieu où, après avoir, selon sa coutume, annoncer la Parole en premier aux juifs et rencontrer, comme à l’accoutumée, une vive opposition, Paul décide de se consacrer entièrement aux non-juifs. L’attitude de Paul sur le plan stratégique et missionnaire nous rappelle la nécessité d’être à l’écoute de l’Esprit, et de ne pas se borner dans la poursuite de voies qui, de manière évidente, ne conduisent pas à porter le fruit attendu. L’opposition et la fermeture sont aussi pour Dieu des moyens par lesquels Il réoriente la vision, la stratégie et la manière de faire des Siens.

Dans le récit de l’expérience missionnaire vécue ici par Paul, 3 éléments apparaissent comme des poteaux indicateurs de la volonté et de l’oeuvre de Dieu dans cette ville :

a. la conversion de Crispus, le chef de la synagogue. Elle souligne le fait que, si la majorité des juifs est restée réfractaire au message de Christ, quelques-uns ont pu être touché. L’annonce de l’Evangile, même en terre hostile, n’est jamais vaine et est l’occasion donnée à quelques-uns d’être sauvé.

b. La mise à disposition par Titius Justus de sa maison pour Paul. Même si les portes des lieux officiels nous sont fermées, le Seigneur a d’autres moyens, d’autres maisons, d’autres lieux possibles pour que l’oeuvre se poursuive. C’est d’abord avec les êtres (et par eux) que l’oeuvre de Dieu se fait, non par les moyens.

c. la vision : elle est là pour soutenir et confirmer la volonté déjà connue et révélée de Dieu. Dieu sait de quoi, et à quel moment, nous avons besoin d’une preuve tangible pour aller de l’avant et poursuivre dans la voie tracée. C’est Lui le Maître et Il sait quand Il faut distribuer encouragement, reproches et avertissements aux siens. Que le caractère tortueux de mon coeur ne soit pas pour lui l’obstacle insurmontable à franchir pour me conduire et me guider comme Il l’entend.

lundi 6 octobre 2008

Actes 17,16 à 34


Texte biblique


Comme Paul les attendait à Athènes, il sentait au dedans de lui son esprit s’irriter, à la vue de cette ville pleine d’idoles. Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu, et sur la place publique chaque jour avec ceux qu’il rencontrait. Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent à parler avec lui. Et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? D’autres, l’entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient : Il semble qu’il annonce des divinités étrangères. Alors ils le prirent, et le menèrent à l’Aréopage, en disant : Pourrions–nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ? Car tu nous fais entendre des choses étranges. Nous voudrions donc savoir ce que cela peut être. Or, tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter des nouvelles. Paul, debout au milieu de l’Aréopage, dit : Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux. Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette inscription : A un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme ; il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure ; il a voulu qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques–uns de vos poètes : De lui nous sommes la race… Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme. Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts… Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent : Nous t’entendrons là–dessus une autre fois. Ainsi Paul se retira du milieu d’eux. Quelques–uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent, Denys l’aréopagite, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.



Réflexion

Paul seul à Athènes :

Paul se trouve à Athènes dans une situation inédite :
- il est seul, sans aide ni équipe
- il se trouve plongé dans une culture totalement différente de la sienne
- il est face au défi de se trouver dans une grande ville, fierté de la culture grecque.
La question qui se pose et qui est de mise dans une telle situation : que Paul peut-il faire dans un tel contexte ?

1ère chose : prendre connaissance du milieu dans lequel il se trouve

Paul fait le tour de la ville. Il veut connaître sa température spirituelle, constater de visu ce que croient ses habitants pour savoir ce contre quoi il s’opposera en annonçant l’évangile. Ce qu’il découvre, l’idolâtrie omniprésente, l’exaspère, mais aussi attise son désir d’annoncer l’Evangile et le Dieu unique

2ème chose : chercher les ponts au travers desquels il peut, avec l’Evangile, rejoindre les Athéniens dans ce qu’ils croient (une démarche obligatoirement antérieure à sa prise de parole)
Dans la culture grecque étrangère aux vérités de la parole de Dieu, Paul ne part pas, contrairement à l’accoutumée, des affirmations bibliques pour s’adresser aux grecs pour qui le Livre n’a pas d’autorité. Il part des éléments connus de leur culture par lesquels il y a une porte d’entrée pour l’Evangile : l’autel au dieu inconnu, une citation d’un de leurs auteurs. Il part de ce qui est connu pour eux pour les mener à ce qu’il veut leur faire découvrir et qui leur est inconnu. La même stratégie devrait être suivie aujourd’hui par les chrétiens lorsqu’ils veulent atteindre les non-croyants étrangers à la culture biblique ou habités par une toute autre idéologie.


Notons que, bien qu’exaspéré par l’idolâtrie ambiante, Paul ne commence pas son discours aux athéniens de manière négative ou en les jugeant. Il relève l’aspect positif de leur dévotion. Il exprime un constat, sans se prononcer sur ce qu’il en pense, mais le transmet aux Athéniens qui ne peuvent l’entendre que comme un compliment qui leur est adressé.


Une bonne connaissance de la spiritualité, des références philosophiques de ceux à qui nous nous adressons : une condition préliminaire à l’annonce de l’Evangile.


3ème chose : aller à la rencontre des personnes là où elles se trouvent.

Paul n’a pas attendu que les gens viennent vers lui. Il est allé vers eux, les a accroché, interpellé. Il s’est rendu sur la place publique, là où était le lieu d’échange et de discussion des gens dans la ville. Il n’a pas considéré qu’étant seul, il ne pouvait rien faire. Bien que seul, il avait le Seigneur, la Parole de Dieu et l’Esprit avec lui. Son équipe n’était pas faite d’hommes, mais de la Trinité.

Notons ici que Paul ne fera à Athènes aucun miracle qui validerait sa prédication. Il est notoire par ailleurs que la prédication à Athènes, telle qu’elle nous est rendue, est la seule dans laquelle le nom de Jésus n’est pas cité explicitement. La raison en est, qu’avant d’arriver à Jésus, Paul se devait de poser d’autres fondements : l’affirmation de la réalité d’un Dieu unique, Créateur de la terre et des cieux, d’une origine commune à l’humanité, du non-sens par conséquent de l’idolâtrie. Ce n’est qu’en fin de discours que Paul aborde "la preuve Jésus", l’homme au travers duquel à la fois Dieu et l’homme doivent se situer : l’homme par rapport à Dieu, et Dieu dans la relation qu’Il veut avoir avec les hommes.

Humainement vue, la mission de Paul à Athènes peut apparaître comme son plus grand échec sur le plan des résultats. Quelques personnes seulement s’attachèrent à lui. Il n’est fait par ailleurs nulle part mention ici et dans l’avenir de l’implantation d’une église dans la ville. Peut-être un signe qui souligne la difficulté d’implantation de l’Evangile dans un terrain où la philosophie et l’idolâtrie prédomine : cf la France