samedi 8 novembre 2008

Actes 28,11 à 31


Texte biblique

Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un navire d’Alexandrie, qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pour enseigne les Dioscures. Ayant abordé à Syracuse, nous y restâmes trois jours. De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio ; et, le vent du midi s’étant levé le lendemain, nous fîmes en deux jours le trajet jusqu’à Pouzzoles, où nous trouvâmes des frères qui nous prièrent de passer sept jours avec eux. Et c’est ainsi que nous allâmes à Rome. De Rome vinrent à notre rencontre, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, les frères qui avaient entendu parler de nous. Paul, en les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage. Lorsque nous fûmes arrivés à Rome, on permit à Paul de demeurer en son particulier, avec un soldat qui le gardait. Au bout de trois jours, Paul convoqua les principaux des Juifs ; et, quand ils furent réunis, il leur adressa ces paroles : Hommes frères, sans avoir rien fait contre le peuple ni contre les coutumes de nos pères, j’ai été mis en prison à Jérusalem et livré de là entre les mains des Romains. Après m’avoir interrogé, ils voulaient me relâcher, parce qu’il n’y avait en moi rien qui méritât la mort. Mais les Juifs s’y opposèrent, et j’ai été forcé d’en appeler à César, n’ayant du reste aucun dessein d’accuser ma nation. Voilà pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte cette chaîne. Ils lui répondirent : Nous n’avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet, et il n’est venu aucun frère qui ait rapporté ou dit du mal de toi. Mais nous voudrions apprendre de toi ce que tu penses, car nous savons que cette secte rencontre partout de l’opposition. Ils lui fixèrent un jour, et plusieurs vinrent le trouver dans son logis. Paul leur annonça le royaume de Dieu, en rendant témoignage, et en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader de ce qui concerne Jésus. L’entretien dura depuis le matin jusqu’au soir. Les uns furent persuadés par ce qu’il disait, et les autres ne crurent point. Comme ils se retiraient en désaccord, Paul n’ajouta que ces mots : C’est avec raison que le Saint–Esprit, parlant à vos pères par le prophète Esaïe, a dit : Va vers ce peuple, et dis : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu’ils l’écouteront. Lorsqu’il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, discutant vivement entre eux. Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus–Christ, en toute liberté et sans obstacle.

Réflexion

Paul à Rome :

Après 3 mois passés à Malte, Paul put repartir avec tous ceux qui l’accompagnaient jusque Rome, destination ultime de son voyage. Arrivé sur place, il fut l’objet d’une garde bienveillante qui lui permit de recevoir et d’accueillir tous ceux qui, ayant entendu parler de lui, venaient le visiter. Le premier souci de l’apôtre à Rome sera de convoquer les notables juifs, les principaux de sa nation, pour leur expliquer de vive voix le dilemme dans lequel il se trouvait et la raison de son envoi en comparution à Rome.

En effet, si la foi de Paul suscitait l’opposition de ceux de son peuple attaché à Moïse, Paul n’en était pour autant pas moins juif qu’eux. Aussi, dans son intention d’annoncer l’Evangile, était-il soucieux, à cause de l’opposition qu’il suscitait parmi les siens, de ne porter en aucun cas, dans sa défense auprès de l’empereur, préjudice à sa nation. Paul était ainsi tiraillé entre deux identités auxquelles il tenait autant l’une qu’à l’autre. Attaché à Christ, il n’était, par souci de ne pas nuire à ses coreligionnaires, nulle question pour lui de changer en quoi que ce soit la teneur et les implications de son message. Juif de naissance, il lui aurait été insupportable de voir la souffrance de son peuple augmenter à cause du témoignage qu’il voulait rendre à Christ. Paul expliqua donc que c’est contraint et forcé qu’il dut faire cette démarche d’appel à l’empereur qui l’amenait dans la capitale.

Dieu répondra au souci de Paul, à la fois d’être jusqu’au bout un témoin de Christ et de ne pas porter préjudice par ce témoignage à son peuple d’origine, de deux manières :

1. à cause de la liberté qui lui sera octroyé, il aura pendant deux ans l’occasion de faire connaître l’Evangile à un grand nombre de personnes à Rome même. Tous, s’ils le voulaient, juifs comme païens, pouvaient avoir l’occasion de connaître Christ., et de quelle manière la foi en Christ s’accordait pleinement avec la foi judaïque ancienne.

2. les deux ans minimaux accordés à Paul à Rome vont détacher la raison de sa présence dans la capitale du lien et du conflit qui était la cause de sa venue. C’est pour son témoignage sur place, sa foi au Christ-Roi, qu’il sera exécuté et mis à mort par ordre de l’empereur Néron. Paul moura en martyr pour Christ sans avoir eu à témoigner contre les siens : ce qui aurait été pour lui une cause de tristesse ombrageant fortement sa joie de témoin.

Que le Seigneur nous donne de Lui être fidèle sans calcul jusqu’au bout, sachant que c’est Toi, Seigneur, qui prépare pour nous la sortie la meilleure de ce monde pour Ta gloire !

vendredi 7 novembre 2008

Actes 28,1 à 10


Texte biblique

Après nous être sauvés, nous reconnûmes que l’île s’appelait Malte. Les barbares nous témoignèrent une bienveillance peu commune ; ils nous recueillirent tous auprès d’un grand feu, qu’ils avaient allumé parce que la pluie tombait et qu’il faisait grand froid. Paul ayant ramassé un tas de broussailles et l’ayant mis au feu, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur et s’attacha à sa main. Quand les barbares virent l’animal suspendu à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément cet homme est un meurtrier, puisque la Justice n’a pas voulu le laisser vivre, après qu’il a été sauvé de la mer. Paul secoua l’animal dans le feu, et ne ressentit aucun mal. Ces gens s’attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement ; mais, après avoir longtemps attendu, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent d’avis et dirent que c’était un dieu. Il y avait, dans les environs, des terres appartenant au principal personnage de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea pendant trois jours de la manière la plus amicale. Le père de Publius était alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie ; Paul, s’étant rendu vers lui, pria, lui imposa les mains, et le guérit. Là–dessus, vinrent les autres malades de l’île, et ils furent guéris. On nous rendit de grands honneurs, et, à notre départ, on nous fournit les choses dont nous avions besoin.

Réflexion

Paul à Malte :

Un autre aspect du témoignage chrétien rendu par Paul dans le contexte civil dans lequel il se trouve est la manifestation miraculeuse de la main de Dieu dans une circonstance adverse précise. L’action visible de Dieu pour Paul, action parlante quoique non verbale, constatée par les autochtones de l’île de Malte qui, bien que ne connaissant pas Dieu, étaient sensibles au principe supra humain de Justice (principe basé sur la loi de cause à effet disant qu’un homme récolte dans sa vie ce qu’il a semé), action par laquelle Paul apparut comme un homme dont la vie était affranchie de ce principe, suffit à les convaincre que l’apôtre n’était pas un homme ordinaire, mais pouvait être considéré comme un dieu.

Le vécu de Paul dans la circonstance est un puissant encouragement à compter, dans le contexte de notre vécu quotidien, à l’irruption concrète et visible de la manifestation de Dieu. Cette irruption est le témoignage que, bien que vivant dans un monde régi par les mêmes lois physiques que les autres, notre vie en Christ se situe sur un autre plan : le plan du royaume de Dieu, un royaume qui n’est pas régi par les principes auxquels sont habituellement soumis les hommes, mais par la libre volonté et la souveraineté de Dieu. La loi qui prévaut ainsi dans le royaume de Dieu est celle selon laquelle tout ce qui se fait (et peut se faire) a pour objet et pour cause le témoignage de ce que Dieu est. Si donc, dans le but de Sa révélation, le Seigneur estime qu’une action surnaturelle est, dans un contexte donné, la meilleure voie à suivre, Il le fera. Une des marques de notre appartenance à Dieu est que notre vie n’est plus régie par les principes élémentaires de ce monde. Bien que vivant encore dans un corps soumis à la mort, à la corruption et aux lois physiques, nous sommes aussi déjà citoyens du royaume de Dieu. Et l’action surnaturelle de Dieu en notre faveur a pour objet de manifester aux autres cette double appartenance et identité qui sont les nôtres.

A nous ensuite de témoigner, comme Paul l’a fait, de quelle manière et par quel chemin nous avons eu accès à ce statut et cette nouvelle identité !

Questions :

Dans tout le récit que rend Luc du voyage de Paul vers Rome, le naufrage, la survie de l’équipage, le miracle de l’immunité de Paul quant au venin de la vipère, pus les guérisons nombreuses opérées sur l’île de Malte, on peut être quelque peu gêné par la mise en scène glorieuse de l’apôtre, apparaissant comme un super héros toujours capable de sortir victorieux de toutes les adversités.

Deux questions au moins se posent quant à ce récit :

1. Qu’en est-il des autres croyants, compagnons de Paul ? Paul était-il le seul canal par lequel la puissance et le témoignage de Dieu se manifestaient ? Il y a toujours un risque de déplacement de gloire lorsque, au lieu d’être braqués sur le Seigneur, les feux de la rampe se focalisent sur un instrument ou un ouvrier de cette gloire. Il est certain que nous ne sommes pas tous des Paul, qu’il était un instrument particulier du Seigneur dans la phase d’implantation de l’Eglise dans le monde. Si Paul a vécu des épisodes glorieux avec Dieu, il a aussi, en contrepartie, à son actif un catalogue de souffrances et d’épreuves duquel peu, si ce n’est personne avant et après lui, peuvent se réclamer. Paul ne manquera pas d’ailleurs, à l’égard de ceux qui, sans doute par jalousie à son égard, se vantaient de ne pas lui être inférieur, de le remarquer. Une vie, pour être correctement évaluée, ne doit pas être vue sous un seul angle. Elle est un ensemble dans lequel gloire et souffrance ont d’étroites correspondances.

Que le Seigneur nous garde de prétendre être autre chose que ce que nous sommes. Si nous envions la gloire ou la réputation auxquelles est parvenue un saint, demandons-nous si nous sommes prêts à vivre le parcours qu’il a, par ailleurs, eu !

2. L’apôtre est-il condamné au succès ? N’y a-t-il jamais des circonstances desquelles l’apôtre ne se sortira pas avec gloire ? Evidemment, oui ! La toute puissance de Dieu, qui n’a pas épargné à Jésus la croix, n’épargnera pas non plus Son serviteur. Ce que nous lisons de Paul ici n’est qu’une photo d’un moment de l’ensemble de sa vie, photo qui ne doit pas être prise comme la norme quotidienne de son vécu. Il serait faux ; déséquilibré et dangereux de considérer les épisodes glorieux de la vie d’un saint comme le principe sur lequel toute vie spirituelle et chrétienne devrait être bâtie. Hébreux 11, et la liste des héros de la foi que ce chapitre dresse, traite clairement en faux cette idée : Hébreux 11,32 à 40. Paul ne sortira pas indemne de son arrivée à Rome. Nul doute que, dans sa fidélité à Dieu, il n’hésitera pas à témoigner hardiment du Christ à l’empereur. Nous ne savons rien de ce qui ce sera dit lors de cette comparution. Mais nous savons deux choses qui en résulteront par la suite. Paul mourra en martyr ; l’empereur Néron manifestera à l’égard des chrétiens un mépris et une haine peu commune. La colère de l’empereur est-elle liée au parfum du Chris répandu auprès de ses narines ? L’éternité seule pourra le dire !

Que le Seigneur nous donne dans notre témoignage d’être aussi fidèle que Paul l’a été à Sa glorieuse Personne en toutes circonstances !

jeudi 6 novembre 2008

Actes 27

Texte biblique

Lorsqu’il fut décidé que nous nous embarquerions pour l’Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centenier de la cohorte Auguste, nommé Julius. Nous montâmes sur un navire d’Adramytte, qui devait côtoyer l’Asie, et nous partîmes, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique. Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon ; et Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d’aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. Partis de là, nous longeâmes l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous arrivâmes à Myra en Lycie. Et là, le centenier, ayant trouvé un navire d’Alexandrie qui allait en Italie, nous y fit monter. Pendant plusieurs jours nous naviguâmes lentement, et ce ne fut pas sans difficulté que nous atteignîmes la hauteur de Cnide, où le vent ne nous permit pas d’aborder. Nous passâmes au–dessous de l’île de Crète, du côté de Salmone. Nous la côtoyâmes avec peine, et nous arrivâmes à un lieu nommé Beaux Ports, près duquel était la ville de Lasée. Un temps assez long s’était écoulé, et la navigation devenait dangereuse, car l’époque même du jeûne était déjà passée. C’est pourquoi Paul avertit les autres, en disant : O hommes, je vois que la navigation ne se fera pas sans péril et sans beaucoup de dommage, non seulement pour la cargaison et pour le navire, mais encore pour nos personnes. Le centenier écouta le pilote et le patron du navire plutôt que les paroles de Paul. Et comme le port n’était pas bon pour hiverner, la plupart furent d’avis de le quitter pour tâcher d’atteindre Phénix, port de Crète qui regarde le sud–ouest et le nord–ouest, afin d’y passer l’hiver. Un léger vent du sud vint à souffler, et, se croyant maîtres de leur dessein, ils levèrent l’ancre et côtoyèrent de près l’île de Crète. Mais bientôt un vent impétueux, qu’on appelle Euraquilon, se déchaîna sur l’île. Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre le vent, et nous nous laissâmes aller à la dérive. Nous passâmes au–dessous d’une petite île nommée Clauda, et nous eûmes de la peine à nous rendre maîtres de la chaloupe ; après l’avoir hissée, on se servit des moyens de secours pour ceindre le navire, et, dans la crainte de tomber sur la Syrte, on abaissa les voiles. C’est ainsi qu’on se laissa emporter par le vent. Comme nous étions violemment battus par la tempête, le lendemain on jeta la cargaison à la mer, et le troisième jour nous y lançâmes de nos propres mains les agrès du navire. Le soleil et les étoiles ne parurent pas pendant plusieurs jours, et la tempête était si forte que nous perdîmes enfin toute espérance de nous sauver. On n’avait pas mangé depuis longtemps. Alors Paul, se tenant au milieu d’eux, leur dit : O hommes, il fallait m’écouter et ne pas partir de Crète, afin d’éviter ce péril et ce dommage. Maintenant je vous exhorte à prendre courage ; car aucun de vous ne périra, et il n’y aura de perte que celle du navire. Un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers m’est apparu cette nuit, et m’a dit : Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César, et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. C’est pourquoi, ô hommes, rassurez–vous, car j’ai cette confiance en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit. Mais nous devons échouer sur une île. La quatorzième nuit, tandis que nous étions ballottés sur l’Adriatique, les matelots, vers le milieu de la nuit, soupçonnèrent qu’on approchait de quelque terre. Ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; un peu plus loin, ils la jetèrent de nouveau, et trouvèrent quinze brasses. Dans la crainte de heurter contre des écueils, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et attendirent le jour avec impatience. Mais, comme les matelots cherchaient à s’échapper du navire, et mettaient la chaloupe à la mer sous prétexte de jeter les ancres de la proue. Paul dit au centenier et aux soldats : Si ces hommes ne restent pas dans le navire, vous ne pouvez être sauvés. Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe, et la laissèrent tomber. Avant que le jour parût, Paul exhorta tout le monde à prendre de la nourriture, disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous êtes dans l’attente et que vous persistez à vous abstenir de manger. Je vous invite donc à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre salut, et il ne se perdra pas un cheveu de la tête d’aucun de vous. Ayant ainsi parlé, il prit du pain, et, après avoir rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit, et se mit à manger. Et tous, reprenant courage, mangèrent aussi. Nous étions, dans le navire, deux cent soixante–seize personnes en tout. Quand ils eurent mangé suffisamment, ils allégèrent le navire en jetant le blé à la mer. Lorsque le jour fut venu, ils ne reconnurent point la terre ; mais, ayant aperçu un golfe avec une plage, ils résolurent d’y pousser le navire, s’ils le pouvaient. Ils délièrent les ancres pour les laisser aller dans la mer, et ils relâchèrent en même temps les attaches des gouvernails ; puis ils mirent au vent la voile d’artimon, et se dirigèrent vers le rivage. Mais ils rencontrèrent une langue de terre, où ils firent échouer le navire ; et la proue, s’étant engagée, resta immobile, tandis que la poupe se brisait par la violence des vagues. Les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux ne s’échappât à la nage. Mais le centenier, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter ce dessein. Il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers dans l’eau pour gagner la terre, et aux autres de se mettre sur des planches ou sur des débris du navire. Et ainsi tous parvinrent à terre sains et saufs.

Réflexion

Départ pour l’Italie, tempête et naufrage :


Le récit du voyage de Paul vers l’Italie, pour une comparution devant César, nous permet d’observer de quelle manière l’apôtre, placé dans un contexte et une situation humaine autre que spirituelle, s’est comporté et a pu être un témoin de Christ. Chacun de nous, nous le savons, peut exceller dans le domaine et le milieu de prédilection qui est le sien. Ce n’est cependant pas dans ce milieu, dans lequel nous nous sentons le plus à l’aise, que nous nous connaissons le mieux et que nous sommes le plus à même de mesurer la vigueur de notre force spirituelle et de notre ancrage en Christ. C’est, au contraire, au moment où nous sommes déracinés, placés dans un univers qui ne nous est pas familier que nous pouvons le mieux faire l’expérience de l’avantage et de la force que représente pour nous le fait d’être en Christ.

Quel apport, de quels avantages particuliers sur ces compagnons de route et d’infortune, Paul va-t-il faire preuve en Christ en tant que serviteur de Dieu ?

1. Avant que les difficultés n’arrivent et qu’elles puissent même être pressenties, Paul possédait par Dieu la prescience de ce qui allait se produire : v 10. Parce qu’il avait l’Esprit de Dieu en lui, il possédait une connaissance intuitive des choses à laquelle la sagesse humaine n’avait pas accès. Ainsi, nous voyons que, contre l’avis des connaisseurs (le timonier et le capitaine du navire), Paul avertit ses compagnons du danger auquel ils risquaient de s’exposer en poursuivant leur route. Un premier avantage des enfants de Dieu, placés dans une situation et un contexte inhabituels, est qu’ils peuvent savoir, qu’en toutes circonstances, même s’ils ne sont pas humainement qualifiés pour se prononcer sur un sujet, ils peuvent compter sur la sagesse de Dieu pour discerner ce qu’il convient de faire. Leur avis ne sera peut-être pas pris en compte, comme ce fut le cas pour Paul, par les professionnels du secteur. Mais il s’avèrera avec le temps juste, exact, inspiré.

Le jugement que peut se former l’enfant de Dieu ne s’appuie pas uniquement sur des impressions ou l’analyse humaine de la situation. Mais, parce qu’il a l’Esprit de Dieu en lui, l’enfant de Dieu possède en lui la pensée et la connaissance même de Christ sur les choses. Aussi les avis qu’il émet, parce qu’ils proviennent de plus haut, d’une source à laquelle la seule raison ou intelligence humaine n’a pas accès, ne sont-ils pas toujours explicable ou échappent-ils à la seule analyse rationnelle des choses. D’où le fait de ne pas être pris au sérieux !

2. Même s’il se trouve embarqué de force dans une situation qu’il n’a pas choisie et pour laquelle même, il avait au départ un avis contraire, l’enfant de Dieu peut ensuite compter, tout au long de son voyage, sur la fidélité de Dieu. Mené là où il n’aurai pas voulu être, Dieu ne l’abandonne pas. Il l’accompagne, le soutient, le conduit, l’inspire et lui donne même d’apparaître pour son entourage, au milieu même de la détresse, comme la voix de l’espoir, l’avis autorisé que chacun ferait bien de suivre : v 22 à 26. Comme, au départ, Paul a eu accès à une connaissance surnaturelle de ce qui allait se produire, Paul fera l’expérience tout au long du voyage de ce même privilège et de cet avantage d’avoir en Dieu la révélation de ce qu’il convient de faire à l’instant et de la manière dont, à la fin, les choses se termineront.

Alors que ceux qui sont autour de nous, dans leur situation de détresse, ne peuvent compter que sur leurs forces et leur lumière, nous avons en Dieu accès à une force et une lumière surnaturelles, capables de nous communiquer une assurance impossible sans elles. Paul, par la relation qu’il a avec Dieu, s’est révélé dans cette situation d’extrémité comme la principale source d’espoir pour tous ceux qui étaient embarqués avec lui dans cette situation.

3. Parce que les avis émis par Paul et le jugement qu’il a prononcé sur la situation se sont révélés exacts, l’apôtre est devenu la voix écoutée et l’autorité de sagesse à laquelle désormais les autres autorités vont s’aligner : v 30 à 32. Paul nous démontre ainsi ici que l’autorité que nous avons n’est pas liée à la fonction que nous occupons. L’autorité procède de la sagesse que nous communique l’Esprit de Dieu : cf Exode 18,13 à 24. Rappelons-nous donc que nous n’avons pas à nous battre pour l’affirmer. Elle s’exerce naturellement et est reçue sans effort ni discussion après que, dans une situation donnée, le Seigneur ait permis que nous ayons fait nos preuves.

4. Parce qu’il a par avance la connaissance par le Saint-Esprit de la façon avec laquelle les choses vont se passer, quelles seront leurs fins, Paul se révèle enfin comme un générateur de confiance pour son entourage : v 33 à 38. Son assurance et sa foi deviennent communicatives et finissent même par se traduire par des actes de foi chez les autres. Le voyage qu’ils ont fait avec Paul, la situation de détresse qu’ils ont partagée avec Lui, leur ont appris que la confiance en Dieu était plus sûre et plus forte que celle en la sagesse et la raison humaine. Paul a été pour eux la démonstration de la différence d’avantages qui existe, dans des situations d’extrémité, entre celui qui a Dieu pour appui et ceux qui n’ont qu’eux-mêmes pour faire face à l’impossible.

5. Parce qu’il s’est révélé pour les autorités la cause première de leur salut, Paul va faire l’objet de leur part d’une bienveillance accrue qui, à son tour, sera source de salut pour lui : v 27. D’une certaine façon, Paul va vivre, sans le chercher, le principe qui est à la base de la naissance des communautés Emmaüs : c’est en sauvant les autres que l’on se sauve soi-même.

Que ce témoignage pratique et vivant soit pour nous source d’inspiration dans notre vécu quotidien, hors des murs sécurisés de nos églises ou de la Maison de Dieu, embarqués que nous sommes tous dans l’esquif si fragile de nos sociétés en proie à tant de forces destructrices !

mercredi 5 novembre 2008

Actes 26,24 à 32

Texte biblique

Comme il parlait ainsi pour sa justification, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner. Je ne suis point fou, très excellent Festus, répliqua Paul ; ce sont, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu’il n’en ignore aucune, puisque ce n’est pas en cachette qu’elles se sont passées. Crois–tu aux prophètes, roi Agrippa ?… Je sais que tu y crois. Et Agrippa dit à Paul : Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! Paul répondit : Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens ! Le roi, le gouverneur, Bérénice, et tous ceux qui étaient assis avec eux se levèrent, et, en se retirant, ils se disaient les uns aux autres : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison. Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être relâché, s’il n’en eût pas appelé à César.

Réflexion

Réaction de Festus au témoignage de Paul :

Voyant la passion et la conviction qui animaient Paul, Festus prit l’apôtre pour un homme devenu fou (un jugement qui sera aussi prononcé en son temps contre Jésus par quelques membres de sa parenté : Marc 3,21). C’est un jugement qui, pour des hommes passionnés, entiers et convaincus dans la cause qu’ils servent n’est pas rare à entendre. Une telle réflexion, si elle peut être justifiée sur certains points qui touchent aux aspects secondaires d’une doctrine ou à la façon avec laquelle elle est défendue, est cependant illégitime lorsqu’elle traite de la question de l’affirmation et de la défense de la vérité et de notre rapport avec Dieu. Le principe selon lequel « en toutes choses il faut garder l’équilibre » ou « toujours raison garder », ne peut s’appliquer dans une cause ou l’enjeu est une question de vie et de mort, de salut ou de perdition, de vérité ou de mensonge.

Non, dira Paul, il n’est pas devenu fou. Les faits sur lesquels son témoignage s’appuie sont pour chaque homme, chaque femme, pour Dieu et la vérité, si déterminants, qu’une seule réponse convient de la part de ceux qui, comme lui, en ont été instruits, éclairés et convaincus, non par leur raison humaine, mais par Dieu Lui-même : la consécration. Quelque part, Paul énonce, par sa passion et la force de conviction qui l’animent, le principe suivant : une vérité pour la défense de laquelle on n’est pas prêt à se livrer corps et âme, soit n’est pas la Vérité, soit ne trouve pas en nous des serviteurs dignes de la servir.

La réaction de Festus au zèle et à la passion dont Paul fait preuve est d’autant déplacée que, dit Paul prenant Agrippa à témoin, le roi n’est pas ignorant des faits qui en sont l’origine. La réaction de Festus est excusable en ce sens qu’il semblait méconnaître la réalité des évènements qui se sont produits et qui sont à la base du retournement complet d’opinion de Paul. Mais tel n’est pas le cas d’Agrippa qui sait très bien de quoi Paul parle et de ce qui en retourne. Le roi d’ailleurs ne manquera pas de signifier à Paul qu’il n’est pas insensible à la force de son témoignage. Il y a en lui quelque chose, un écho qui lui fait dire que ce qu’il entend est vrai, juste, cohérent et non insensé ou extravagant, qu’il y a ici une logique qui correspond en conscience au sens qu’il a de la vérité. Mais, entre être presque persuadé et s’engager à son tour, il y a un pas qu’il faut franchir, aussi décisif que celui qui nous fait passer la frontière d’un pays où nous sommes prisonniers à une terre où nous goûtons à la liberté. Oui ! Seul un engagement entier dans la foi peut nous faire passer du doute à la certitude, et de l’aperçu intuitif de la vérité au vécu.

Le roi Agrippa, après avoir entendu Paul, en restera là. L’apôtre l’a presque persuadé de devenir chrétien, mais, en fin de compte, il a choisi de ne pas le devenir. Il a été au privilège d’une occasion, unique, immense, qui, sans doute, ne se renouvellera pas et qui, peut-être pour toujours, aura fixé le sort de son éternité.

Que le Seigneur donne aujourd’hui à tous les Agrippa qui entendent la vérité qui Le concerne la grâce d’aller jusqu’au bout des conclusions que le Saint-Esprit leur donne d’entendre.

mardi 4 novembre 2008

Actes 26,1 à 23


Texte biblique

Agrippa dit à Paul : Il t’est permis de parler pour ta défense. Et Paul, ayant étendu la main, se justifia en ces termes: Je m’estime heureux, roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me justifier devant toi de toutes les choses dont je suis accusé par les Juifs, car tu connais parfaitement leurs coutumes et leurs discussions. Je te prie donc de m’écouter avec patience. Ma vie, dès les premiers temps de ma jeunesse, est connue de tous les Juifs, puisqu’elle s’est passée à Jérusalem, au milieu de ma nation. Ils savent depuis longtemps, s’ils veulent le déclarer, que j’ai vécu pharisien, selon la secte la plus rigide de notre religion. Et maintenant, je suis mis en jugement parce que j’espère l’accomplissement de la promesse que Dieu a faite à nos pères, et à laquelle aspirent nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour. C’est pour cette espérance, ô roi, que je suis accusé par des Juifs ! Quoi ! vous semble–t–il incroyable que Dieu ressuscite les morts ? Pour moi, j’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. C’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux sacrificateurs, et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des autres. je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer. Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères. C’est dans ce but que je me rendis à Damas, avec l’autorisation et la permission des principaux sacrificateurs. Vers le milieu du jour, ô roi, je vis en chemin resplendir autour de moi et de mes compagnons une lumière venant du ciel, et dont l’éclat surpassait celui du soleil. Nous tombâmes tous par terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes–tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons. Je répondis : Qui es–tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Mais lève–toi, et tiens–toi sur tes pieds ; car je te suis apparu pour t’établir ministre et témoin des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai. Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés. En conséquence, roi Agrippa, je n’ai point résisté à la vision céleste: à ceux de Damas d’abord, puis à Jérusalem, dans toute la Judée, et chez les païens, j’ai prêché la repentance et la conversion à Dieu, avec la pratique d’œuvres dignes de la repentance. Voilà pourquoi les Juifs se sont saisis de moi dans le temple, et ont tâché de me faire périr. Mais, grâce au secours de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant témoignage devant les petits et les grands, sans m’écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver, savoir que le Christ souffrirait, et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations.

Réflexion

Paul présente sa défense devant Agrippa et Bérénice :

La nouvelle convocation de Paul pour rendre témoignage de sa foi est une bénédiction pour l’oeuvre de Dieu à double titre :

- elle est une nouvelle occasion donnée à l’apôtre de rendre témoignage de Christ au plus haut niveau. Luc fait ainsi remarquer, dans le chapitre précédent, que ce n’est pas seulement Agrippa et Bérénice qui sont présents dans la salle d’audience, mais que Paul a face à lui tout un parterre de personnalités de haut rang venues entendre sa défense. Plus la persécution dure, plus elle fait porter le témoignage en haut lieu.

- elle est peut-être l’exposé le plus complet qui nous soit donné du récit de sa conversion, de son appel et du contenu que le Seigneur a donné à sa mission. Un exposé que Dieu a voulu nous laisser comme modèle du genre, qui est et a été un mine d’enseignement sur le sujet pour les chrétiens de tous les temps.

La défense de Paul devant Agrippa et toutes les personnalités présentes porte sur 5 points :

1. Paul rappelle le vécu qui était le sien avant sa conversion et son adhésion au christianisme : Un vécu ignoré de personne, mais connu de tous : membre du parti le plus strict de la religion juive, les pharisiens

2. Paul partage son étonnement quant à la raison de l’opposition de ses compatriotes à son égard :
Le contenu de sa foi n’est pas autre que celui de l’espérance de ses pères : la venue du messie
La différence tient au fait que Paul a la conviction, contrairement à ses opposants, que c’est en Jésus que cette espérance s’accomplit.

Ingéniosité de Paul qui rattache sa foi présente à celle des pères du passé, auxquels croient ses contradicteurs.

3. Paul rappelle quelle a été son attitude de départ face à la foi nouvelle qui était en train de naître, et les actions qu’il a menées contre elle. Loin d’avoir immédiatement adhéré à la prédication du Christ, il s’est d’abord montré comme l’un de ses plus farouches opposants, emprisonnant, persécutant, forçant même les chrétiens au reniement et au blasphème.

4. Paul raconte ensuite ce qui fut la raison unique de son changement d’opinion : la révélation de Christ sur le chemin de Damas, alors qu’il était en route, muni d’un mandat des grands prêtres, pour arrêter les chrétiens. Une révélation qui s’est faite au travers
- d’une lumière aveuglante
- d’une voix s’adressant à lui en langue hébraïque

Paul comprend alors que c’est à Jésus, Celui à qui il s’oppose et qu’il refuse de reconnaître comme le Messie, qu’il a à faire. La vérité établie, Jésus, connaissant la droiture de Paul, ne lui laisse pas le temps de la réflexion. Il lui communique ce qui sera désormais sa mission : être serviteur et témoin de ce qu’il a vu et va encore voir auprès des juifs et des non-juifs, pour leur ouvrir les yeux et les amener à passer d’un camp spirituel, celui des ténèbres et de Satan, à un autre, celui de la lumière et de Dieu, et les amener à bénéficier par la foi des richesses spirituelles conséquentes à l’oeuvre de Christ : le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés.

5. Paul témoigne ensuite de l’obéissance immédiate qui fut la sienne suite à la révélation reçue. Il rappelle le contenu de ce qui fut sa prédication aussi bien auprès des juifs que des non-juifs : repentance, conversion et pratique d’oeuvres dignes de la repentance... justification de la mort et de la souffrance du Christ par Moïse, les prophètes et toute l’Ecriture.

lundi 3 novembre 2008

Actes 25,13 à 27


Texte biblique

Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée, pour saluer Festus. Comme ils passèrent là plusieurs jours, Festus exposa au roi l’affaire de Paul, et dit : Félix a laissé prisonnier un homme contre lequel, lorsque j’étais à Jérusalem, les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs ont porté plainte, en demandant sa condamnation. Je leur ai répondu que ce n’est pas la coutume des Romains de livrer un homme avant que l’inculpé ait été mis en présence de ses accusateurs, et qu’il ait eu la faculté de se défendre sur les choses dont on l’accuse. Ils sont donc venus ici, et, sans différer, je m’assis le lendemain sur mon tribunal, et je donnai l’ordre qu’on amenât cet homme. Les accusateurs, s’étant présentés, ne lui imputèrent rien de ce que je supposais ; ils avaient avec lui des discussions relatives à leur religion particulière, et à un certain Jésus qui est mort, et que Paul affirmait être vivant. Ne sachant quel parti prendre dans ce débat, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses. Mais Paul en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance de l’empereur, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoyasse à César. Agrippa dit à Festus : Je voudrais aussi entendre cet homme. Demain, répondit Festus, tu l’entendras. Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe, et entrèrent dans le lieu de l’audience avec les tribuns et les principaux de la ville. Sur l’ordre de Festus, Paul fut amené. Alors Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes présents avec nous, vous voyez cet homme au sujet duquel toute la multitude des Juifs s’est adressée à moi, soit à Jérusalem, soit ici, en s’écriant qu’il ne devait plus vivre. Pour moi, ayant reconnu qu’il n’a rien fait qui mérite la mort, et lui–même en ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de le faire partir. Je n’ai rien de certain à écrire à l’empereur sur son compte ; c’est pourquoi je l’ai fait paraître devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin de savoir qu’écrire, après qu’il aura été examiné. Car il me semble absurde d’envoyer un prisonnier sans indiquer de quoi on l’accuse.

Réflexion

Visite d’Agrippa et de Bérénice à Festus :

La visite du roi Agrippa à Césarée fut l’occasion pour Festus de lui partager son embarras au sujet de Paul, contre qui la multitude des juifs (les grands prêtres et les anciens en particulier) avaient porté plainte. Cet embarras, Festus l’exprima en relation avec le contenu des accusations qui étaient portées contre l’apôtre. Chargé de veiller au bon ordre civil de la région dont il était le gouverneur, Festus se rendait bien compte qu"aucune charge légale ne pouvait être retenue contre Paul. Le différent qui l’opposait à ses détracteurs était d’ordre uniquement religieux et relatif à la seule personne de Jésus qui était mort et que Paul affirmait vivant. Agrippa, sans doute bien informé de ce qui touchait à la doctrine nouvelle du Christ, saisit l’occasion pour demander à Festus d’entendre Paul, ce que le gouverneur ne lui refusa pas. La captivité de Paul, ses multiples comparutions sont ainsi l’occasion donnée par Dieu d’accomplir à son égard la parole donnée au jour de sa conversion : Actes 9,15. Il y a ainsi des personnes et des sphères que nous ne pouvons atteindre par le témoignage qu’au travers de circonstances exceptionnelles et souvent douloureuses. La proclamation du témoignage de Christ est un fait si important et qui tient tant à la Personne de Dieu qu’il passe en considération dans sa pensée avant notre bien-être, notre tranquillité ou notre vie. Sauvé par Christ, Dieu estime que notre vie doit désormais être entièrement vouée au salut des autres.

L’embarras de Festus témoigna à sa manière de toute la difficulté pour un état laïque de traiter, par les moyens judiciaires, des question religieuses. Dans l’état religieux, ces questions sont premières et revêtent un caractère sacré et absolu. Dans l’état laïc, elles sont pratiquement hors sujet, chacun étant libre de croire à ce qu’il veut, sous réserve de ne pas perturber l’ordre civil. Nous pouvons ainsi bénir Dieu pour l’Etat qui se porte garant de la liberté religieuse. Que Dieu nous donne de profiter de cette liberté avec sagesse et circonspection.

dimanche 2 novembre 2008

Actes 25,1 à 12


Texte biblique

Festus, étant arrivé dans la province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem. Les principaux sacrificateurs et les principaux d’entre les Juifs lui portèrent plainte contre Paul. Ils firent des instances auprès de lui, et, dans des vues hostiles, (25–3) lui demandèrent comme une faveur qu’il le fît venir à Jérusalem. Ils préparaient un guet–apens, pour le tuer en chemin. Festus répondit que Paul était gardé à Césarée, et que lui–même devait partir sous peu. Que les principaux d’entre vous descendent avec moi, dit–il, et s’il y a quelque chose de coupable en cet homme, qu’ils l’accusent. Festus ne passa que huit à dix jours parmi eux, puis il descendit à Césarée. Le lendemain, s’étant assis sur son tribunal, il donna l’ordre qu’on amenât Paul. Quand il fut arrivé, les Juifs qui étaient venus de Jérusalem l’entourèrent, et portèrent contre lui de nombreuses et graves accusations, qu’ils n’étaient pas en état de prouver. Paul entreprit sa défense, en disant : Je n’ai rien fait de coupable, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. Festus, désirant plaire aux Juifs, répondit à Paul: Veux–tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses en ma présence ? Paul dit : C’est devant le tribunal de César que je comparais, c’est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais fort bien. Si j’ai commis quelque injustice, ou quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir ; mais, si les choses dont ils m’accusent sont fausses, personne n’a le droit de me livrer à eux. J’en appelle à César. Alors Festus, après avoir délibéré avec le conseil, répondit : Tu en as appelé à César ; tu iras devant César.

Réflexion

Paul devant Festus :

A peine nommé et arrivé sur place, le nouveau gouverneur se rendit à Jérusalem où il reçut la visite des grands prêtres et des notables juifs qui portèrent plainte contre Paul et lui demandèrent la faveur qu’il soit jugé à Jérusalem. Malgré le temps passé, l’hostilité des adversaires de Paul n’avait en rien diminué : leur objectif inavoué était le même : profiter de l’occasion du déplacement de Paul pour lui tendre un guet-apens et le supprimer.

Festus ne céda pas immédiatement à leur instance. Responsable de représenter Rome, il ne pouvait agir à sa guise et se devait de le faire en conformité avec les lois de l’empire qui exigeaient que justice soit rendue indépendamment des intérêts des parties. Aussi, si Paul ne fut pas livré entre les mains de ses adversaires, il ne le dut pas d’abord à Festus, qui était d’une personnalité moins ouverte à l’équité que Félix, mais au cadre législatif romain dans lequel Festus se devait d’exercer sa charge. Quand les hommes ne nous sont pas favorables, la loi reste le dernier rempart sur lequel nous pouvons nous appuyer pour que justice nous soit rendue.

Mis une fois de plus en accusation de façon grave et mensongère, Paul n’eut pas le loisir de se défendre de la même manière que devant Félix. Festus, semble-t-il, n’avait pas le même intérêt ni la même sensibilité que Félix sur les questions religieuses et spirituelles. Voyant que Festus était prêt à céder aux instances de ses adversaires qui réclamaient son jugement à Jérusalem, Paul choisit d’en appeler directement à César, signifiant par là qu’il préférait être jugé par une juridiction païenne et laïque que de courir le risque d’un mort prématurée et injuste au milieu de son peuple. Paul fera ici le choix inverse de Jésus qui, sachant ce qui allait Lui arriver, ira à Jérusalem. La différence entre les deux hommes tient au fait que s’il était indispensable, pour le salut du monde, que Jésus meure, il était préférable pour la même raison que Paul vive. Le choix de Paul ne fait cependant que confirmer la vérité mise en évidence par la croix, à savoir le rejet par Israël et ses autorités du salut offert par Dieu en Christ. Paul, en ayant appelé à César, Festus décidera qu’il ira à César ! Son sort n’en est pas pour autant meilleur, mais, au moins, aura-t-il la possibilité, pour un temps encore, de poursuivre sa course et d’être témoin du Christ devant d’autres autorités.

Que Dieu soit loué pour la sagesse qu’Il donne en son temps à chacun de Ses serviteurs. Bien que devant être prêt à mourir pour Christ, la Bible ne fait nulle part l’apologie du martyr. Le martyr est une fin possible, quant elle ne peut être évitée; mais elle ne doit pas être choisie volontairement si elle peut l’être.