mercredi 5 novembre 2008

Actes 26,24 à 32

Texte biblique

Comme il parlait ainsi pour sa justification, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner. Je ne suis point fou, très excellent Festus, répliqua Paul ; ce sont, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu’il n’en ignore aucune, puisque ce n’est pas en cachette qu’elles se sont passées. Crois–tu aux prophètes, roi Agrippa ?… Je sais que tu y crois. Et Agrippa dit à Paul : Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! Paul répondit : Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens ! Le roi, le gouverneur, Bérénice, et tous ceux qui étaient assis avec eux se levèrent, et, en se retirant, ils se disaient les uns aux autres : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison. Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être relâché, s’il n’en eût pas appelé à César.

Réflexion

Réaction de Festus au témoignage de Paul :

Voyant la passion et la conviction qui animaient Paul, Festus prit l’apôtre pour un homme devenu fou (un jugement qui sera aussi prononcé en son temps contre Jésus par quelques membres de sa parenté : Marc 3,21). C’est un jugement qui, pour des hommes passionnés, entiers et convaincus dans la cause qu’ils servent n’est pas rare à entendre. Une telle réflexion, si elle peut être justifiée sur certains points qui touchent aux aspects secondaires d’une doctrine ou à la façon avec laquelle elle est défendue, est cependant illégitime lorsqu’elle traite de la question de l’affirmation et de la défense de la vérité et de notre rapport avec Dieu. Le principe selon lequel « en toutes choses il faut garder l’équilibre » ou « toujours raison garder », ne peut s’appliquer dans une cause ou l’enjeu est une question de vie et de mort, de salut ou de perdition, de vérité ou de mensonge.

Non, dira Paul, il n’est pas devenu fou. Les faits sur lesquels son témoignage s’appuie sont pour chaque homme, chaque femme, pour Dieu et la vérité, si déterminants, qu’une seule réponse convient de la part de ceux qui, comme lui, en ont été instruits, éclairés et convaincus, non par leur raison humaine, mais par Dieu Lui-même : la consécration. Quelque part, Paul énonce, par sa passion et la force de conviction qui l’animent, le principe suivant : une vérité pour la défense de laquelle on n’est pas prêt à se livrer corps et âme, soit n’est pas la Vérité, soit ne trouve pas en nous des serviteurs dignes de la servir.

La réaction de Festus au zèle et à la passion dont Paul fait preuve est d’autant déplacée que, dit Paul prenant Agrippa à témoin, le roi n’est pas ignorant des faits qui en sont l’origine. La réaction de Festus est excusable en ce sens qu’il semblait méconnaître la réalité des évènements qui se sont produits et qui sont à la base du retournement complet d’opinion de Paul. Mais tel n’est pas le cas d’Agrippa qui sait très bien de quoi Paul parle et de ce qui en retourne. Le roi d’ailleurs ne manquera pas de signifier à Paul qu’il n’est pas insensible à la force de son témoignage. Il y a en lui quelque chose, un écho qui lui fait dire que ce qu’il entend est vrai, juste, cohérent et non insensé ou extravagant, qu’il y a ici une logique qui correspond en conscience au sens qu’il a de la vérité. Mais, entre être presque persuadé et s’engager à son tour, il y a un pas qu’il faut franchir, aussi décisif que celui qui nous fait passer la frontière d’un pays où nous sommes prisonniers à une terre où nous goûtons à la liberté. Oui ! Seul un engagement entier dans la foi peut nous faire passer du doute à la certitude, et de l’aperçu intuitif de la vérité au vécu.

Le roi Agrippa, après avoir entendu Paul, en restera là. L’apôtre l’a presque persuadé de devenir chrétien, mais, en fin de compte, il a choisi de ne pas le devenir. Il a été au privilège d’une occasion, unique, immense, qui, sans doute, ne se renouvellera pas et qui, peut-être pour toujours, aura fixé le sort de son éternité.

Que le Seigneur donne aujourd’hui à tous les Agrippa qui entendent la vérité qui Le concerne la grâce d’aller jusqu’au bout des conclusions que le Saint-Esprit leur donne d’entendre.

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