vendredi 7 novembre 2008

Actes 28,1 à 10


Texte biblique

Après nous être sauvés, nous reconnûmes que l’île s’appelait Malte. Les barbares nous témoignèrent une bienveillance peu commune ; ils nous recueillirent tous auprès d’un grand feu, qu’ils avaient allumé parce que la pluie tombait et qu’il faisait grand froid. Paul ayant ramassé un tas de broussailles et l’ayant mis au feu, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur et s’attacha à sa main. Quand les barbares virent l’animal suspendu à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément cet homme est un meurtrier, puisque la Justice n’a pas voulu le laisser vivre, après qu’il a été sauvé de la mer. Paul secoua l’animal dans le feu, et ne ressentit aucun mal. Ces gens s’attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement ; mais, après avoir longtemps attendu, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent d’avis et dirent que c’était un dieu. Il y avait, dans les environs, des terres appartenant au principal personnage de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea pendant trois jours de la manière la plus amicale. Le père de Publius était alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie ; Paul, s’étant rendu vers lui, pria, lui imposa les mains, et le guérit. Là–dessus, vinrent les autres malades de l’île, et ils furent guéris. On nous rendit de grands honneurs, et, à notre départ, on nous fournit les choses dont nous avions besoin.

Réflexion

Paul à Malte :

Un autre aspect du témoignage chrétien rendu par Paul dans le contexte civil dans lequel il se trouve est la manifestation miraculeuse de la main de Dieu dans une circonstance adverse précise. L’action visible de Dieu pour Paul, action parlante quoique non verbale, constatée par les autochtones de l’île de Malte qui, bien que ne connaissant pas Dieu, étaient sensibles au principe supra humain de Justice (principe basé sur la loi de cause à effet disant qu’un homme récolte dans sa vie ce qu’il a semé), action par laquelle Paul apparut comme un homme dont la vie était affranchie de ce principe, suffit à les convaincre que l’apôtre n’était pas un homme ordinaire, mais pouvait être considéré comme un dieu.

Le vécu de Paul dans la circonstance est un puissant encouragement à compter, dans le contexte de notre vécu quotidien, à l’irruption concrète et visible de la manifestation de Dieu. Cette irruption est le témoignage que, bien que vivant dans un monde régi par les mêmes lois physiques que les autres, notre vie en Christ se situe sur un autre plan : le plan du royaume de Dieu, un royaume qui n’est pas régi par les principes auxquels sont habituellement soumis les hommes, mais par la libre volonté et la souveraineté de Dieu. La loi qui prévaut ainsi dans le royaume de Dieu est celle selon laquelle tout ce qui se fait (et peut se faire) a pour objet et pour cause le témoignage de ce que Dieu est. Si donc, dans le but de Sa révélation, le Seigneur estime qu’une action surnaturelle est, dans un contexte donné, la meilleure voie à suivre, Il le fera. Une des marques de notre appartenance à Dieu est que notre vie n’est plus régie par les principes élémentaires de ce monde. Bien que vivant encore dans un corps soumis à la mort, à la corruption et aux lois physiques, nous sommes aussi déjà citoyens du royaume de Dieu. Et l’action surnaturelle de Dieu en notre faveur a pour objet de manifester aux autres cette double appartenance et identité qui sont les nôtres.

A nous ensuite de témoigner, comme Paul l’a fait, de quelle manière et par quel chemin nous avons eu accès à ce statut et cette nouvelle identité !

Questions :

Dans tout le récit que rend Luc du voyage de Paul vers Rome, le naufrage, la survie de l’équipage, le miracle de l’immunité de Paul quant au venin de la vipère, pus les guérisons nombreuses opérées sur l’île de Malte, on peut être quelque peu gêné par la mise en scène glorieuse de l’apôtre, apparaissant comme un super héros toujours capable de sortir victorieux de toutes les adversités.

Deux questions au moins se posent quant à ce récit :

1. Qu’en est-il des autres croyants, compagnons de Paul ? Paul était-il le seul canal par lequel la puissance et le témoignage de Dieu se manifestaient ? Il y a toujours un risque de déplacement de gloire lorsque, au lieu d’être braqués sur le Seigneur, les feux de la rampe se focalisent sur un instrument ou un ouvrier de cette gloire. Il est certain que nous ne sommes pas tous des Paul, qu’il était un instrument particulier du Seigneur dans la phase d’implantation de l’Eglise dans le monde. Si Paul a vécu des épisodes glorieux avec Dieu, il a aussi, en contrepartie, à son actif un catalogue de souffrances et d’épreuves duquel peu, si ce n’est personne avant et après lui, peuvent se réclamer. Paul ne manquera pas d’ailleurs, à l’égard de ceux qui, sans doute par jalousie à son égard, se vantaient de ne pas lui être inférieur, de le remarquer. Une vie, pour être correctement évaluée, ne doit pas être vue sous un seul angle. Elle est un ensemble dans lequel gloire et souffrance ont d’étroites correspondances.

Que le Seigneur nous garde de prétendre être autre chose que ce que nous sommes. Si nous envions la gloire ou la réputation auxquelles est parvenue un saint, demandons-nous si nous sommes prêts à vivre le parcours qu’il a, par ailleurs, eu !

2. L’apôtre est-il condamné au succès ? N’y a-t-il jamais des circonstances desquelles l’apôtre ne se sortira pas avec gloire ? Evidemment, oui ! La toute puissance de Dieu, qui n’a pas épargné à Jésus la croix, n’épargnera pas non plus Son serviteur. Ce que nous lisons de Paul ici n’est qu’une photo d’un moment de l’ensemble de sa vie, photo qui ne doit pas être prise comme la norme quotidienne de son vécu. Il serait faux ; déséquilibré et dangereux de considérer les épisodes glorieux de la vie d’un saint comme le principe sur lequel toute vie spirituelle et chrétienne devrait être bâtie. Hébreux 11, et la liste des héros de la foi que ce chapitre dresse, traite clairement en faux cette idée : Hébreux 11,32 à 40. Paul ne sortira pas indemne de son arrivée à Rome. Nul doute que, dans sa fidélité à Dieu, il n’hésitera pas à témoigner hardiment du Christ à l’empereur. Nous ne savons rien de ce qui ce sera dit lors de cette comparution. Mais nous savons deux choses qui en résulteront par la suite. Paul mourra en martyr ; l’empereur Néron manifestera à l’égard des chrétiens un mépris et une haine peu commune. La colère de l’empereur est-elle liée au parfum du Chris répandu auprès de ses narines ? L’éternité seule pourra le dire !

Que le Seigneur nous donne dans notre témoignage d’être aussi fidèle que Paul l’a été à Sa glorieuse Personne en toutes circonstances !

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