vendredi 31 octobre 2008

Actes 24,1 à 23


Texte biblique

Cinq jours après, arriva le souverain sacrificateur Ananias, avec des anciens et un orateur nommé Tertulle. Ils portèrent plainte au gouverneur contre Paul. Paul fut appelé, et Tertulle se mit à l’accuser, en ces termes: Très excellent Félix, tu nous fais jouir d’une paix profonde, et cette nation a obtenu de salutaires réformes par tes soins prévoyants ; c’est ce que nous reconnaissons en tout et partout avec une entière gratitude. Mais, pour ne pas te retenir davantage, je te prie d’écouter, dans ta bonté, ce que nous avons à dire en peu de mots. Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef de la secte des Nazaréens, et qui même a tenté de profaner le temple. Et nous l’avons arrêté. Nous avons voulu le juger selon notre loi ; mais le tribun Lysias étant survenu, l’a arraché de nos mains avec une grande violence, en ordonnant à ses accusateurs de venir devant toi. Tu pourras toi–même, en l’interrogeant, apprendre de lui tout ce dont nous l’accusons. Les Juifs se joignirent à l’accusation, soutenant que les choses étaient ainsi. Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit: Sachant que, depuis plusieurs années, tu es juge de cette nation, c’est avec confiance que je prends la parole pour défendre ma cause. Il n’y a pas plus de douze jours, tu peux t’en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. On ne m’a trouvé ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans la ville, disputant avec quelqu’un, ou provoquant un rassemblement séditieux de la foule. Et ils ne sauraient prouver ce dont ils m’accusent maintenant. Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes, et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux–mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Après une absence de plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation, et pour présenter des offrandes. C’est alors que quelques Juifs d’Asie m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement ni tumulte. C’était à eux de paraître en ta présence et de se porter accusateurs, s’ils avaient quelque chose contre moi. Ou bien, que ceux–ci déclarent de quel crime ils m’ont trouvé coupable, lorsque j’ai comparu devant le sanhédrin, à moins que ce ne soit uniquement de ce cri que j’ai fait entendre au milieu d’eux : C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui mis en jugement devant vous. Félix, qui savait assez exactement ce qui concernait cette doctrine, les ajourna, en disant : Quand le tribun Lysias sera venu, j’examinerai votre affaire. Et il donna l’ordre au centenier de garder Paul, en lui laissant une certaine liberté, et en n’empêchant aucun des siens de lui rendre des services.

Réflexion

Comparution de Paul devant le gouverneur Félix :

5 jours après l’arrivée de Paul, sous bonne escorte, à Césarée, le grand-prêtre Ananias, accompagné de quelques anciens et de Tertullus, un avocat renommé, vint pour porter plainte devant le gouverneur Félix contre Paul. Se plaçant comme juge, Félix convoqua, comme il se doit, chaque partie pour l’écouter.

1. la partie accusation :

Elle était représentée par Tertullus qui commença son plaidoyer en louant hautement Félix pour sa façon d’administrer sa gouvernance. Cette flatterie, destinée à mettre de leur côté, le gouverneur était-elle la bienvenue ? Correspondait- elle aux sentiments réels des juifs envers lui ? Pas sûr que le gouverneur ait été dupe ! A vouloir en faire de trop, on finit par agir contre soi. Les motifs d’accusation dressés contre Paul :

- cet homme est une peste qui sème la division parmi les juifs de toutes les nations : demi-verité : le message de l’Evangile sépare et divise, mais Paul n’est pas une peste. Sa piété ne peut être mise en doute ;
- il a tenté de profaner le temple : faux. C’est sur la base d’un malentendu que Paul a été pris à parti et chassé du temple : 21,28-29

2. la défense de Paul :

Comme Tertullus, Paul commence, dans sa défense, à s’adresser au gouverneur Félix. Il lui exprime, non pas des flatteries, mais la confiance qui l’habite, qu’en tant que juge exerçant cette fonction dans cette région depuis de nombreuses années, Félix ait toute la connaissance et la compétence nécessaires pour se prononcer avec équité, justice et impartialité dans cette affaire. Alors que Tertullus avait misé sur la flatterie, Paul nous montre une autre voie au travers de laquelle nous devons construire les rapports de justice que nous pouvons avoir avec les autorités politiques qui gouvernent. Nous devons exprimer notre foi (confiance) dans le fait que, comme l’exige la loi, les personnes qui occupent des fonctions d’autorité les exercent avec droiture et sérieux et que nous ne serons pas déçus au sujet de la manière avec laquelle nos droits ou notre cause seront pris en compte. C’est l’assurance que la valeur que leur fonction incarne sera dignement représentée que nous devons leur exprimer. Se faisant, nous faisons appel, sans qu’ils s’en rendent compte à leur conscience devant Dieu, plaçant notre entretien, non sur le terrain personnel, mais sur un terrain spirituel. Il ne s’agit pas ici de les mettre dans notre poche en les flattant, mais de leur dire que, nous comme eux, nous sommes en quelque sorte devant Dieu, chacun à sa place, pour que la justice tranche et que le droit triomphe.

Cette introduction faite, Paul fait reposer son argumentation pour sa défense sur 2 choses :

1. la réalité des faits : v 11-12. Paul contredit la version de Tertullus. Il n’a rien fait depuis son arrivée à Jérusalem pour convaincre les juifs de sa foi. Il ne s’est rendu ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans les rues dans ce but. Ses accusateurs sont donc incapables de prouver ce pour quoi ils l’accusent.

2. le seul point d’accord qu’il a avec ses adversaires est, dit Paul, le point sur lequel ils se séparent : depuis qu’Il est disciple de Christ, c’est au travers d’une voie nouvelle que, désormais, Paul rend un culte au dieu de ses pères. Mais, souligne-t-il, le contenu fondamental de sa foi n’a pas changé : il croit toujours à la validité de la Loi et des prophètes, à l’espérance de la résurrection des morts et veut toujours honorer Dieu par le service et les offrandes qu’il lui apporte.

Paul n’a pas eu tort de faire confiance à la perspicacité et la compétence de Félix. L’accusation entendue et la défense présentée, Félix refusa de trancher pour un parti contre l’autre. Il renvoya chacun, reportant son jugement à plus tard.

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