mercredi 3 septembre 2008

Actes 10,9 à 33


Texte biblique

Le lendemain, comme ils étaient en route, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit : Lève–toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Cela arriva jusqu’à trois fois ; et aussitôt après, l’objet fut retiré dans le ciel. Tandis que Pierre ne savait en lui–même que penser du sens de la vision qu’il avait eue, voici, les hommes envoyés par Corneille, s’étant informés de la maison de Simon, se présentèrent à la porte, et demandèrent à haute voix si c’était là que logeait Simon, surnommé Pierre. Et comme Pierre était à réfléchir sur la vision, l’Esprit lui dit : Voici, trois hommes te demandent ; lève–toi, descends, et pars avec eux sans hésiter, car c’est moi qui les ai envoyés. Pierre donc descendit, et il dit à ces hommes : Voici, je suis celui que vous cherchez ; quel est le motif qui vous amène ? Ils répondirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et de qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été divinement averti par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre tes paroles. Pierre donc les fit entrer, et les logea. Le lendemain, il se leva, et partit avec eux. Quelques–uns des frères de Joppé l’accompagnèrent. Ils arrivèrent à Césarée le jour suivant. Corneille les attendait, et avait invité ses parents et ses amis intimes. Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au–devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant : Lève–toi ; moi aussi, je suis un homme. Et conversant avec lui, il entra, et trouva beaucoup de personnes réunies. Vous savez, leur dit–il, qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé et impur. C’est pourquoi je n’ai pas eu d’objection à venir, puisque vous m’avez appelé ; je vous demande donc pour quel motif vous m’avez envoyé chercher. Corneille dit : Il y a quatre jours, à cette heure–ci, je priais dans ma maison à la neuvième heure ; et voici, un homme vêtu d’un habit éclatant se présenta devant moi, et dit : Corneille, ta prière a été exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes. Envoie donc à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer. Aussitôt j’ai envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Maintenant donc nous sommes tous devant Dieu, pour entendre tout ce que le Seigneur t’a ordonné de nous dire.

Réflexion

La vision de Pierre :

Si le Seigneur trouva nécessaire de communiquer à Corneille par une vision la révélation de la démarche qu’il devait faire pour rencontrer l’homme par lequel Il lui ferait connaître le message de Son salut, le récit qui nous est relaté ici souligne que ce n’est pas seulement Corneille, mais davantage encore Pierre qui avait besoin d’une révélation pour entrer dans l’oeuvre que le Seigneur avait préparé ici pour lui. La nécessité d’un tel moyen pour gagner Pierre à Ses vues souligne le degré de résistance auquel le Seigneur peut être confronté, lorsque, désirant mobiliser un de Ses ouvriers pour une oeuvre particulière, Il se heurte à ses préjugés.

A la défense de Pierre, il faut cependant reconnaître que le pas nouveau que le Seigneur va lui demander de faire n’a pour lui rien d’évident. Car, depuis son enfance, Pierre a appris à connaître Dieu comme le Dieu d’Israël et Israël comme le peuple choisi de Dieu. Bien que, dès l’appel d’Abraham, la bénédiction promise à ses descendants inclut toutes les nations, le sentiment chez les juifs d’être le peuple élu de Dieu était si fort qu’il était pour eux inconcevable que les portes du royaume de Dieu s’ouvrent aussi largement pour les païens que pour eux. Dans la pensée juive de l’époque, l’appartenance au peuple de Dieu ne pouvait pour un païen se concevoir que s’il adhérait totalement au judaïsme. Or, voici soudain que Dieu, par cette révélation, indique à Pierre que la purification des païens n’oblige plus le passage par cette étape, mais peut directement se faire par le Christ.

Notons ici à quel point Dieu met un point d’honneur à la préparation dans tous ses aspects de Son oeuvre : triple vision, trois hommes envoyés par Corneille, concordance entre les événements. Le soin mis à cette préparation doit nous encourager à ne pas tant spéculer sur ce qu’il nous convient de faire pour lui mais plutôt à nous préparer dans nos coeurs à entrer dans ce qu’Il a prévu pour nous. Car, nous montre ici le récit, les plus grandes résistances à l’avance de l’oeuvre de Dieu ne se trouvent ni chez Dieu, ni chez les incroyants, mais la plupart du temps en nous. Ce ne sont pas contre les autres que Dieu doit la plupart du temps le plus se battre, mais contre nous, notre indolence, notre paresse, nos préjugés, le plaisir et l’intérêt que nous trouvons dans notre propre confort. Il est si facile, comme Pierre, de rester dans le cadre de références dans lequel nous sommes habitués à vivre, de ne pas nous risquer d’en sortir et d’avancer ainsi en territoire inconnu. Mais n’est-ce pas là, d’une certaine manière, le prix qu’a dû payer Jésus pour nous rencontrer et nous sauver. Si quelqu’un a abandonné le cadre de sécurité dans lequel il se trouvait, c’est bien d’abord et surtout Lui !

Que, par Sa grâce, Dieu me donne d’être libre, comme Pierre a du l’être pour la mission spéciale que le Seigneur lui donne ici, de tout préjugé, sentiment de fierté ou d’orgueil dû à ce que je suis (il n’y a aucune raison valable à l’existence d’un tel sentiment) pour être libre, disponible, mobilisable pour Ses œuvres.

De la nécessité de la vision :

En communiquant avec Pierre au moyen d’une vision pour lui révéler sa volonté, Dieu nous donne ici quelques leçons sur la raison d’un tel mode de révélation et sa nécessité :

1. Comme déjà dit, la raison première de ce mode de communication tient au préjugé, issu de la culture et de l’éducation juive reçues par Pierre, fortement enraciné en lui. Dans ce cas de figure, la révélation de la pensée de Dieu représente une telle nouveauté pour celui à qui elle est révélée que Dieu estime nécessaire de la valider par un autre moyen que la parole seule. A travers la vision, Dieu ne parle pas seulement. Il explique, révèle, démontre...

2. il part chez celui à qui il s’adresse d’éléments connus de sa culture pour élargir son horizon et l’amener à la découverte de nouveaux éléments introduits par la grâce. La nécessité de la vision se comprend ici par l’enjeu qui consiste à faire lever chez Pierre des interdits qui, jusqu’à présent parce qu’ils venaient de Dieu, revêtaient pour lui le caractère du sacré.

3. C’est à un changement de paradigme que le Seigneur appelle Pierre. Or, semble-t-il, il nous est impossible de quitter le paradigme dans lequel nous sommes pour en adopter un autre sans révélation. La nouvelle naissance est pour l’incroyant, l’athée ou l’homme religieux un même type de révélation.

4. L’application de la vision est aussitôt donnée par les faits se passant dans le monde réel. A peine la vision ôtée, les personnes qui en étaient l’objet frappent à la porte de Pierre. Il y a manifestement la signature de Dieu dans la concordance entre ce que l’Esprit révèle et ce qui se passe dans les faits. C’est ici la marque du divin et de la vérité.

L’utilisation de la vision est encore et toujours une moyen utilisable par le Seigneur dans des cas similaires de personnes : musulmans, juifs ou autres profondément enracinés dans leur culture, qui tiennent leurs convictions pour sacrées... Elles devrait l’être moins pour nous, enfants de Dieu, qui avons dans la Parole tous les éléments nécessaires à la connaissance. Que Dieu me garde d’être si attachés à la lettre que je ne sois plus réceptifs au message de l’Esprit.

Aucun commentaire: